Le métavers de Mark Zuckerberg, un gros flop ?

Un an après son lancement, le monde virtuel cher au patron de Meta (ex-Facebook) semble encore être à la recherche de son public.

« Qui, aujourd’hui, est vraiment prêt à remplacer son smartphone par une paire de lunettes de réalité augmentée ? »
« Qui, aujourd’hui, est vraiment prêt à remplacer son smartphone par une paire de lunettes de réalité augmentée ? » @BELGAIMAGE

En changeant il y a un an le nom de son groupe comprenant Facebook, Whatsapp et Messenger, Mark Zuckerberg entendait mettre résolument le cap sur le métavers. À l’entendre, c’est dans ce monde virtuel, un cyberespace où l’on accède via à un casque de réalité augmentée, que résiderait ni plus ni moins l’avenir de l’humanité.

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Lubie hallucinée d’un chef d’entreprise sous la menace grandissante de la concurrence ? Ou vision prémonitoire de ce que seront les interactions sociales et professionnelles durant le deuxième tiers du XXIe siècle ? Jusqu’ici, il semble plutôt que cela soit la première option. Arrivé cet été en France et en Espagne, Horizon Worlds (le nom de l’univers de Meta où nous serons censés jouer, travailler et interagir), a peu convaincu. En Belgique, il n’est toujours pas disponible.

Serpent qui se mord la queue

Selon un document interne qu’a pu consulter le Wall Street Journal, le bilan du métavers serait plus que mitigé. Seuls 200.000 utilisateurs y sont actifs tous les mois, alors que Meta en espérait 500.000 pour la fin 2022. Début d’année, Horizon Worlds comptabilisait 300.000 utilisateurs ; le monde virtuel peinerait donc à garder ses utilisateurs (en moyenne, ils abandonneraient le métavers après seulement un mois d’utilisation). Les employés de Meta eux-mêmes s’y connecteraient peu. Un serpent qui se mord la queue : selon une enquête interne à Meta, la principale raison d’abandon (outre le faible réalisme des avatars disponibles) serait… le manque d’utilisateurs actifs.

Pour que la sauce prenne, Meta a promis l’arrivée prochaine d’une version web sur ordinateur, smartphone et tablette ne nécessitant pas de casque de réalité augmentée (mais alors, avec quelle plus-value par rapport aux réseaux sociaux existants?), ainsi que l’amélioration de l’expérience Horizon Worlds. Meta envisagerait aussi d’offrir la possibilité aux utilisateurs d’être rémunérés par des marques, comme les influenceurs sur TikTok&co.

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Les raisons de cet échec (momentané, en tout cas) sont assurément multiples. Parmi elles, les questions économiques et écologiques d’un tel modèle. «On réalise aujourd’hui que le métavers est extrêmement gourmand, car ces univers virtuels exigent des puissances de calcul démultipliées, pointait dans Le Soir Nicolas van Zeebroeck, professeur en économie digitale à Solvay. Il y a un risque réel de retour de bâton par rapport à l’empreinte écologique du numérique». «Qui, aujourd’hui, est vraiment prêt à remplacer son smartphone par une paire de lunettes de réalité augmentée ? Le marché n’est pas prêt», glissait également le professeur.

En attendant, les investissements massifs de Meta dans le monde virtuel débouchent sur des résultats qui, dans le monde réel, peinent à rassurer les marchés. Après des revenus en baisse pour la première fois dans l’histoire du groupe, la valorisation boursière de Meta passait de plus de 1.000 milliards de dollars fin août à 345 milliards en octobre, soit une baisse de plus de 65 %.

 

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