Et si on partait à la découverte de Fribourg, la perle verte d'Allemagne ?

Des parcs, des espaces sans voiture, des quartiers aux allures de villages, des maisons passives et alternatives. Bienvenue dans le futur et dans la ville la plus verte d’Allemagne.

Et si on partait à la découverte de Fribourg, la perle verte d'Allemagne ?
Entre passé et futur, une ville de légendes et de sérénité. © Adobe Stock

La “gargouille lunaire” fait partie des plus célèbres histoires de cette ville de 220.000 habitants du Bade-Wurtemberg. Un homme aux cheveux longs montre son postérieur... On dit qu’elle est le fruit d’une vengeance du tailleur de pierre envers la commune qui ne l’aurait pas payé pour son travail, ou envers un voisin de l’édifice qui aurait refusé qu’il épouse sa fille. On dit aussi qu’il s’agirait d’un signe de protestation suite au passage de l’église, de protestante à catholique.

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Autre mythe de la cité, la “lange Rote”, saucisse façon Francfort ayant la particularité de mesurer 35 centimètres. Chaque jour, à l’heure du lunch, à l’ombre de la cathédrale, un passant sur trois se promène avec cet interminable tuyau de viande. Ici, on profite du très joli marché quotidien où se déploient fleurs, fruits et légumes cultivés dans la région. Aux coins de rue, de la musique qui part dans tous les sens. Voilà Fribourg-en-Brisgau: un savoureux mélange de légendes et de sérénité locale.Sur l’Augustinerplatz, personne ne prête attention aux cyclistes ni à ce gamin qui enjambe une “Bächle”, une de ces rigoles d’une trentaine de centimètres de largeur et de profondeur parcourant la vieille ville sur près de quinze kilomètres. Au Moyen Âge, elles servaient à abreuver Fribourg en eau, notamment pour prévenir les incendies. Plus de 800 ans plus tard, les Bächle sont toujours là. En été, on y fait voguer des “Bächleboot”, des bateaux en bois de fabrication locale ou on y trempe les pieds - l’eau n’étant pas celle des égouts, mais celle la rivière Dreisam. Une légende raconte que tout étranger venant à trébucher par mégarde dans une de ces rigoles devra épouser un ou une Fribourgeois·e.

S’il a du mal à faire son choix, il peut demander conseil à Betty BBQ. Chapeau profiterole, lèvres écarlates et tatouage sur la poitrine, Betty est la drag-queen la plus célèbre du sud de l’Allemagne. Nommée ambassadrice officielle de Fribourg à l’occasion des 900 ans de la ville en 2020, Betty BBQ est artiste, présentatrice, activiste et guide. Le temps d’une visite (une grosse heure), elle emprunte quelques chemins de traverse pour abreuver le visiteur d’anecdotes sur l’histoire de la cité. L’occasion de flâner dans le quartier étudiant autour de l’Adelhauser Strasse et ses cafés, d’admirer les jolies façades colorées du XV siècle qui surmontent des magasins de mode éthique, de jouets en bois ou de vinyles de seconde main. Dans le coin, on peut encore déguster un plat brésilien, indonésien ou afghan dans les allées d’une Markthalle bondée mais séduisante…

Alternative et contestataire

À Fribourg, même les kebabs s’appellent Green City. La cité allemande cumule le titre de première ville du pays à avoir élu un maire du parti Vert en 2002 et l’une des plus actives dans le secteur des énergies renouvelables avec 10.000 emplois. La ville dispose en outre de 400 kilomètres de pistes cyclables et exclut pratiquement les voitures de son cœur historique. Direction l’écoquartier Vauban, à une dizaine de minutes en tram. Ici, l’espace est exclusivement réservé à ces maisons en bois colorées à basse consommation d’énergie, à ces routes aux culs-de-sac transformés en plaines de jeu, aux arbres et aux plantes, aux jardins ouverts les uns sur les autres, aux frigos et bibliothèques partagés. Un quartier de rêve?

C’est probablement l’avis de ses 5.500 habitants ou en tout cas celui d’Erika, croisée sur l’Alfred Döblin Platz, devant une roulotte récemment abandonnée. “On prépare une fête pour célébrer son propriétaire décédé, glisse-t-elle, accent espagnol en bouche. Il faisait partie de notre projet de création d’un habitat partagé avec salle de gym et de musique, un café et un magasin de vêtements gratuits. Car, pour nous, toutes les initiatives sont bonnes pour faire vivre la communauté.” Un kayak attaché à une branche, une voiture désossée et pendue à un arbre, quelques notes de jazz qui s’échappent d’un camping-car, un marché bio: le centre de Vauban est un joyeux bordel alternatif.

Il tranche avec la “banlieue nord”, entourée de vignes et moins portée sur la recherche de lien social que sur les expériences scientifiques. Avec sa forme de cylindre, ses échafaudages et son bardage de tôle, l’Héliotrope est unique au monde. Cette maison produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme grâce à un système de rotation en fonction du soleil. L’un des premiers bâtiments à énergie positive du monde, bâti en 1994, est accessible au public via une réservation auprès de son concepteur et propriétaire, Rolf Disch. Encore actif dans la construction d’autres écoquartiers, l’architecte septuagénaire fait partie de ces citoyens qui comptent bien rappeler aux autorités le caractère écolo de la ville quand le besoin s’en fait ressentir. C’est aussi le cas de Monika, installée sur la Rathausplatz du cœur historique, face à l’hôtel de ville. Elle fait partie des opposants au projet de construction d’une voie sous le centre-ville qui joindrait deux axes routiers importants. “Il y en a déjà assez, lance la quadragénaire grisonnante. Si on veut continuer de promouvoir une mobilité douce, il ne faut pas faciliter le transport des automobilistes. La Ville doit faire attention à ne pas utiliser sa réputation verte juste pour le marketing.” Installés depuis juillet dans des tentes de fortune, Monika et les autres manifestants comptent, si besoin, y rester jusqu’en 2035, date prévue de la fin du projet. Ils entretiendraient ainsi la tradition fribourgeoise de la contestation. En 1975, des milliers de citoyens avaient campé pendant des mois au cœur de la Forêt-Noire pour empêcher l’établissement d’une centrale nucléaire.

Le funiculaire du Schlossberg est un classique qui emmène à une altitude de 1.250 mètres d’où la vue sur Fribourg est totale. De là, une multitude de sentiers se laissent glisser dans les bois de cette colline verdoyante pour mener à la Schlossbergturm, point de chute des coureurs et des amoureux. L’ascension de cette tour de métal demande concentration et courage, les plus audacieux grimperont les deux derniers mètres d’un escalier et d’une plate-forme que le vent fait trembler pour s’offrir un 360° sur la ville et la Forêt-Noire environnante. On distingue la cathédrale, le parc Stadtgarten, la vallée de la Dreisam et ce centre rendu lumineux par l’éclairage public à la tombée du soir. Fribourg est vivante et animée de jour comme de nuit. Les légendes ne dorment jamais.

© DR

Pour aller plus loin

Visit Freiburg

La carte Green City (gratuite à l’Office du tourisme) montre toutes les initiatives vertes de la ville. www.visit.freiburg.de/fr

Rolf Disch

L’architecte fait visiter sa maison à énergie positive Héliotrope.  www.rolfdisch.de

Betty BBQ

Découvrez la cité de façon originale aux côtés de l’excentrique drag-queen. www.betty-bbq.com

Hemingway Bar

Une cave de briques au milieu d’un quartier d’hôtels, ce pub est l’endroit idéal pour déguster des cocktails.

Kreuzblume

Petit et charmant, cet hôtel est idéalement situé dans l’une des plus belles rues piétonnes du centre-ville. www.kreuzblume-freiburg.de

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