
À vélo le long des canaux Charleroi-Bruxelles : une magnifique balade bucolique

Juchée sur sa bicyclette, Paulette observe le Plan incliné de Ronquières depuis l’aval. La mine est renfrognée: “Pff, dès le départ, il va falloir se farcir toute cette montée”. Mais non! Certes, on franchira bien un dénivelé de 67 mètres, mais on le fera par paliers, au fil d’une quinzaine de petites écluses. Comment ça? En empruntant, de Ronquières à Seneffe, le RAVeL 3 qui suit le tracé du canal historique. L’itinéraire démarre sur la gauche du Plan incliné, à hauteur d’un bâtiment dont la façade arbore l’inscription “Écluse 27”. La voie d’eau que nous allons suivre est un vestige du canal Charleroi-Bruxelles première mouture. Construit à partir de 1827, il permit d’acheminer plus facilement le charbon vers la capitale.
Chemins de halage
L’ancien chemin de halage longe d’abord un bief où stationnent nombre de péniches résidentielles. Mais voici déjà la deuxième écluse. Enfin, ce qu’il en reste. Sur ce canal désaffecté, les portes des écluses ont été démontées et l’eau s’y écoule désormais en cascatelles. Une petite rampe d’une vingtaine de mètres et “l’obstacle” est franchi. Fallait pas s’affoler, Paulette.
À partir d’ici, la nature a repris ses droits. Nous pénétrons dans la Réserve naturelle domaniale de Ronquières. À gauche paresse le canal, à droite coule la Samme. Canards, foulques, hérons, cormorans et autres aigrettes ont colonisé les lieux. Avec un peu de chance, vous observerez le trait coloré d’un martin-pêcheur. On pédale au calme, on salue les pêcheurs qui taquinent la tanche, la perche ou le gardon. Sur la rive opposée se dresse le donjon du château de la Rocq. Datant du XVIIe siècle, le domaine accueille réceptions de mariage et autres séminaires.
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À hauteur de l’écluse 20, nous quittons un moment le RAVeL pour rejoindre le château de Feluy. Avec son donjon médiéval, sa galerie gothique et sa terrasse bordant un vaste plan d’eau, il ne manque pas d’allure. Notez que les plans d’eau ne manquent pas dans l’entité. Il s’agit en fait d’anciennes carrières d’où l’on extrayait la pierre bleue et la pierre à chaux. Le plus grand de ces plans d’eau a pour nom Trou du Saint- Georges. Il se découvre à l’angle des rues Victor Rousseau et de la Baronne. Empruntez ensuite cette dernière, elle vous ramènera au canal, à hauteur du pont rotatif d’Arquennes. Datant du début du XXe siècle, ce pont se compose d’une belle passerelle métallique pour les piétons et d’un tablier pivotant autour d’un axe vertical situé au milieu du canal. Une fois le tablier “ouvert”, les péniches pouvaient passer de part et d’autre. Les ponts se succèdent, les cascatelles aussi, chacune flanquée de sa maison de l’éclusier.

La passerelle cyclo-piétonne d'Arquennes. © DR
Écluse 18, écluse 17, écluse 16, écluse 15… Nous voici à Seneffe. La bien dénommée drève du Château mène directement à sa cour d’honneur. De style néoclassique, ce château érigé au XVIIIe siècle héberge la plus fameuse collection d’orfèvrerie de Belgique. Si mettre les petits plats dans les grands n’est pas votre truc, promenez-vous au moins dans son parc à l’anglaise. D’accès gratuit, il recèle un théâtre, une orangerie, une volière, des jardins en terrasses, un grand bassin ainsi qu’un étang avec son île reliée à la berge par un pont romantique.
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Le château de Seneffe. © DR
Via la rue du Bois Roulez, Paulette et moi longeons désormais la rive gauche du canal historique. Et franchissons l’écluse 13. Serait-ce la dernière? Eh bien oui! Quelques centaines de mètres plus loin, le pont-levis de l’Origine marque la fin de la première partie de l’itinéraire. Nous avons parcouru 18 kilomètres et retrouvons ici le “grand” canal Charleroi-Bruxelles. Il faut bien l’avouer, le changement d’atmosphère est radical. Pas de cathédrales pour uniques montagnes, mais des éoliennes et les hautes cheminées des complexes pétrochimiques.
Deux châteaux à Écaussinnes
La piste cyclable par contre, c’est du tout plat. Et sur l’eau glissent les embarcations des férus d’aviron. Nous passons sous l’autoroute Bruxelles-Mons et, après le pont suivant, empruntons une petite voie à main droite. Elle mène à un rond-point au centre duquel trône une drôle d’embarcation. Il s’agit d’un ”baquet de Charleroi”. Remarquez l’étroitesse de la coque: 2,6 mètres, alors que la largeur des écluses faisait 2,7 mètres. Au pont suivant (point nœud 22), on franchit le canal. Un panneau routier marque l’entrée des “2 Écaussinnes”. Fini les zones industrielles. Filant à travers champs, la rue de Scouffleny mène en droite ligne au château fort d’Écaussinnes-Lalaing. Un grand porche flanqué de deux tourelles rondes marque l’entrée de sa ferme fortifiée. Et derrière celle-ci, voici le château proprement dit (accessible le week-end d’avril à septembre) perché sur un escarpement rocheux. Une petite descente pavée, un virage en épingle, nous voici au cœur d’Écaussinnes-Lalaing. Un court raidillon mène à l’église. Plus loin, deuxième château, baptisé de la Folie. Domaine privé, il ne se visite pas. À 100 mètres de là, le RAVeL 106 tout récemment aménagé nous attend.
C’est la dernière étape de l’itinéraire, la plus facile aussi. La pente douce de l’ancienne voie de chemin de fer permet de rejoindre tranquillement Ronquières. Mais avant cela, profitons des paysages. Au fond de beaux vallons, la Sennette trace son chemin tout en méandres. On sort l’appareil photo pour immortaliser quelques daims dans leur enclos. On sourit à la vue d’un édicule garni d’un toit de lierre. On se repère aisément grâce à la haute tour du Plan incliné, véritable sentinelle des lieux. Au bas de la pente, notre boucle canaux et châteaux est… bouclée, les compteurs des vélos affichent 36 kilomètres, Paulette est rayonnante. Quelle magnifique balade bucolique, non?