Lasagne institutionnelle : nos politiques doivent oser une révolution

L’enquête « Noir-jaune-blues » révèle la défiance croissante de la population envers notre système politique. Démocratie en danger.

Alexander De Croo
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La jeune députée bruxelloise Ecolo Margaux De Ré n’a pas sa langue en poche. Et, si on en croit, les messages reçus pendant le direct, son franc-parler a été très apprécié. En admettant qu’il existe un vrai conservatisme dans le monde politique belge, elle a jeté un petit pavé dans la marre. Les partis ont beau être conscients que nos institutions sont trop nombreuses et trop complexes, il y a fort à parier que tout ce bazar existera encore pour un bon moment. La jeune femme n’a pas hésité à reconnaitre que notre lasagne institutionnelle permet surtout de placer un max de gens dans un max d’endroits. Est-ce bien cela que la population demande ? Bien sûr que non ! Est-ce bien cela que le monde politique va tenter de préserver ? Bien sûr que oui ! Evidemment, ce n’est pas en éliminant des institutions et en réduisant le nombre de députés qu’on fera mieux vivre les Belges. Mais cela démontrerait au moins, et c’est essentiel aujourd’hui, que notre monde politique connait lui aussi le sens du mot « sacrifice ». Il y a des économies à faire et refuser de le faire n’est pas de nature à rapprocher les décideurs et les citoyens.

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Autre caractéristique : réagir trop tard

En 2024, les votes de rejets vont encore faire parler d’eux. Un président de parti me confiait récemment être bien conscient que les coalitions s’annoncent très compliquées à mettre en place et il n’exclut pas une solide crise de régime. Et nous voilà sans doute face au plus grand problème de ce pays. On voit la crise arriver, on se la mange, on réagit trop tard, on trouve une solution dans l’urgence et on finit par reconnaître qu’on aurait dû anticiper. Il faut maintenant organiser des changements, même très symboliques, de notre système politique : oser une révolution, réussir la simplification. Car depuis des décennies, le fonctionnement de l’état s’est complexifié et alourdi. On ne se sait souvent pas vers qui se tourner en cas de souci. Un problème dépend parfois de trois ou quatre niveaux de pouvoirs. Un citoyen perdu dans ce foutoir est un citoyen perdu dans l’isoloir.

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