
Juste pas assez pauvres

Donc bien. Mais pour les autres? Tu es infirmière, jeune instituteur, employé chez Lidl (au hasard!), chauffeur des TEC ou petit indépendant? Tu grappilles donc 1.800 ou 1.900 boules par mois. Qui va t’aider à payer les 600 boules de plus (en moyenne, selon la Creg) sur ta facture gaz/élec, qui était déjà bien obèse avant cela? Ah non mais personne, mi p’tit fi! Tu as un job, certes mal payé, mais tu n’es pas allocataire social. Toi aussi tu es limite pauvre, mais juste pas assez. Vers Noël, tu auras droit à une belle réduction-cacahuète de 80 balles (par an!) sur ta facture. Mais c’est tout. Bien que ton compte courant fasse la gueule dès le 15 du mois, tu vas donc devoir gratter à l’os pour payer les dividendes des multinationales de l’énergie. (Exemple qui va t’énerver: le groupe Total a empilé 7,6 milliards de bénéfices en 2020!) Et donc là, tu demandes: mais pourquoi on n’objectiverait pas plus justement les aides sociales? Après tout, chaque année, on fait tous une déclaration IPP. En un clic, il est donc possible de voir que toi aussi tu as grand besoin d’appui pour gaver Electrabel. Oui, eh ben non! Ça pourrait, mais ça ne veut pas. C’est comme pour la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, qui devrait péter le feu de Dieu. Ça pourrait mais ça ne veut pas. N’étant pas suffisamment démuni pour espérer un logement social, tu paies donc vilain un appartement pourrave. Comme des tas de biens loués (sans aucun contrôle), le tien est un gouffre à énergie. Mal isolé, voire pas du tout, et mal chauffé par d’antiques radiateurs électriques qui explosent tes factures. Et donc là, tu poses une autre question: on n’exigerait pas des propriétaires de ces logements poubelles qu’ils soient conformes? Avec un réel contrôle. Là aussi ça devrait. Mais non. Donc moins tu as les moyens, plus tu gaspilles, et plus tu paies ton énergie. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.