
Mignonnes interroge l’hypersexualisation des ados

Amy, 11 ans, vit à Paris dans une famille d’origine sénégalaise restée attachée aux traditions. Pas simple de trouver ses repères pour cette jeune fille, dont le père polygame va bientôt rentrer en France avec une seconde épouse, tandis que d’autres gamines de son âge s’entraînent à répéter des chorégraphies de twerk pour un concours de danse. La réalisatrice Maimouna Doucouré se penche sur un phénomène de société que les réseaux sociaux ont largement contribué à entretenir, où la pression insidieuse du like pousse de nombreux jeunes à toujours plus de visibilité, sans penser à qui les regarde, ni aux conséquences sur l’estime de soi lorsque leurs publications sont moins plébiscitées. “Bien sûr, elles ne se rendent pas compte du message qu’elles renvoient en dansant et s’exposant ainsi, expliquait la cinéaste. De mon point de vue, l’attitude provocante de certaines est liée à un besoin d’amour. Tout cela est préoccupant, et nous sommes tous impliqués par ces mécanismes aujourd’hui.”
Dérangeant parce qu’il nous interroge frontalement sur le regard porté sur ces jeunes filles, Mignonnes a provoqué une polémique assez surréaliste aux États-Unis, où des milieux ultra-conservateurs - qui n’ont probablement pas vu le film - l’ont accusé de véhiculer des images pédopornographiques! À tel point qu’un procureur texan a lancé plusieurs actions pour faire condamner Netflix, qui détient les droits de diffusion à l’international. Mais loin de vouloir choquer, le but de Maimouna Doucouré était de souligner toutes les émotions et contradictions auxquelles les préados peuvent faire face dans notre société complexe. Bluffantes de vérité, ses jeunes comédiennes (dont Fathia Youssouf, qui a décroché le césar du meilleur espoir féminin en incarnant Amy) ont brillamment relevé ce défi.
Mignonnes Inédit Jeudi 23 France 4 21H10 ***