
Le film de votre soirée : Tori et Lokita, le dernier film des frères Dardenne sur les oubliés du système

Diffusion le 26 mai à 20h30 sur Be1
Par leur statut d’oubliés du système, mais aussi de migrants, Tori et Lokita ressemblent comme deux gouttes d’eau à Rosetta et à son frère - si Rosetta avait eu un frère. Tori et Lokita évoluent dans une énergie permanente qui tourne à vide, tantôt arrêtée par un collègue, un mur, ou le refus d’un patron. La cage de Tori et Lokita, c’est d’abord leurs corps d’enfant et d’adolescente, qui ont déjà encaissé pour leur jeune âge. Elle, massive et forte, et lui, petit et nerveux, rêvent d’une vie meilleure ailleurs, loin de la “cage Afrique”. Leur terre berceau qui comme une mère incapable de nourrir ses petits les abandonne seuls, espérant qu’une main amie prenne le relais. Las, ces jeunes migrants vont d’abord passer par les mains sales de passeurs profiteurs qui leur vendent à prix d’or le voyage pour un pays de cocagne mirage.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Le film commence par une première obstruction à leur mouvement (vital, rappelons-le): un interrogatoire froid pour des papiers d’identité. Et par leur serment. Ils seront désormais frère et sœur et ne se quitteront plus pour survivre. Et si en les suivant au plus près, les Dardenne dénoncent les pratiques injustes de la politique d’immigration, si les épreuves traversées par ces deux jeunes sont inhumaines, rien n’est ici misérabiliste. En effet, à la noirceur charbon d’un monde impitoyable, Tori et Lokita ne cessent d’opposer la lumière folle de leur amitié ultra-attachante, de leur débrouillardise et, surtout, de leur espoir qui toujours l’emporte. Dur, éprouvant, Tori et Lokita est aussi une œuvre traversée d’une formidable envie de vivre. Les Dardenne, déprimants? Allons donc!