

Comment reprendre une vie à peu près normale après s’être retrouvée au cœur d’un attentat? C’est le parcours difficile que va devoir accomplir Mia (Virginie Efira), en se confrontant à ses souvenirs morcelés et en allant à la rencontre des autres survivants. Les terribles événements du 13 novembre 2015 à Paris ont déjà inspiré la fiction, que ce soit dans la série En thérapie sur Arte ou dans le très beau Vous n’aurez pas ma haine, adapté du roman d’Antoine Leiris, dont la femme a été tuée au Bataclan. Un lieu et une tragédie qui ont aussi concerné la réalisatrice de Revoir Paris, Alice Winocour: “Mon frère était au Bataclan, le 13 novembre. Pendant qu’il était caché, je suis restée en lien par SMS avec lui une partie de la nuit. Le film s’est construit à partir des souvenirs de cet événement traumatique, puis à partir du récit de mon frère. J’ai expérimenté sur moi-même comment la mémoire déconstruisait, et bien souvent reconstruisait les événements.”
La cinéaste s’est donc longuement documentée pour rédiger son scénario, en consultant des forums de victimes et en rencontrant des survivants et des psychiatres pour mieux cerner les phénomènes post-traumatiques. Le but étant de s’intéresser aux conséquences des attentats, mais pas aux terroristes ni à leurs motivations. Et pour incarner Mia, le choix de Virginie Efira est apparu comme une évidence: “J’ai trouvé chez elle ce que j’aimais dans ce personnage: sa liberté. Elle n’est pas complaisante avec sa souffrance, elle est dans une quête, dans l’ouverture aux autres.” De fait, la comédienne livre une prestation remarquable, qui lui vaudra son premier César de la meilleure actrice, en février dernier. Une récompense pour laquelle elle remerciera “ce film juste, beau et consolateur, d’avoir laissé cette place-là aux victimes”.