Bardot, la série qui revient sur les jeunes années de BB

Posée sur les épaules de Julia de Nunez, jeune inconnue au bataillon, la série Bardot évolue entre biopic non autorisé, hommage officiel et miroir d’une époque.

Bardot
© Prod.
Diffusion le 8 mai à 21h10 sur France 2

Raconter l’histoire de Brigitte Bardot, c’est raconter l’histoire d’une bombe qui explose au cinéma, mais aussi dans une société d’après-guerre où les mentalités marchent au pas. Envoyée en éclaireuse de la révolution sexuelle, qui pointe à l’orée des années 60, Bardot est un événement qui hystérise l’époque, à la fois objet de désir et cible de toutes les insultes. Son empreinte sur l’évolution des mœurs et sur la culture populaire est indéniable, influençant autant la mode que les courants de pensée, redistribuant les cartes dans l’industrie des médias qui, grâce à elle, entre presse féminine et presse à sensation, se spécialise pour le plus grand bonheur des chiffres de ventes. Tout cela a déjà été raconté mille fois. Tout cela est raconté encore une fois dans cette série on ne peut plus classique. Un biopic en six épisodes qui retrace la vie de “la plus belle femme du monde”, de sa naissance à l’écran - en 1956 dans Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, jusqu’à sa rencontre en 1959 avec le redoutable Henri-George Clouzot qui la dirige dans La vérité. Trois ans, c’est peu pour une telle déflagration, mais cela semble suffisant pour évoquer sa violence. Danièle et Christopher Thompson, scénaristes qui n’ont eu qu’à recopier l’histoire officielle, racontent Bardot en même temps que l’air du temps dont elle est le produit. “Qu’est-ce qu’il y avait derrière B.B.? Qu’est-ce qu’il y avait derrière l’époque?, explique Danièle Thompson. Il y a l’histoire du cinéma, mais aussi l’histoire tout court avec, notamment, la guerre d’Algérie et la condition féminine.” Pour interpréter Brigitte Bardot, qui apparaît dans le paysage alors qu’elle n’a que 15 ans, il fallait une comédienne qui, au-delà de la ressemblance physique, incarne une liberté du corps et une audace de paroles. “On avait peur de faire une mauvaise copie, il fallait une actrice qui puisse créer un vertige”, commente Christopher Thompson.

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Personne ne pouvait “faire” Bardot sauf une inconnue. Cette inconnue, Julia de Nunez, mise sur un début de carrière culotté, Bardot - sans surprise - ne cautionnant pas la série.  “J’étais dans une école de théâtre, mais je n’avais jamais passé de casting, raconte Julia de Nunez. Quand j’ai vu l’annonce sur les réseaux, je pensais que c’était pour un court- métrage… La caméra était un terrain inconnu pour moi, je ne comprenais même pas la notion de hors-champ.”  Frondeuse et sans complexe, la jeune actrice réussit sa Bardot, même si parfois, sur une attitude, un regard ou une intonation de voix, on aperçoit Angèle et Virginie Efira. Pour entrer dans la peau de Bardot, Julia de Nunez évoque des cours de danse qui lui ont permis de fixer “un certain ancrage”, meilleure façon de trouver le personnage “dans le mouvement et l’espace”.

Une femme et des hommes

Si la série décrit le milieu du cinéma français des années 50 - Yvan Attal joue Raoul Lévy, producteur à cigare, Anne Le Ny incarne Olga Horstig, agent de B.B.  -, le récit insiste surtout sur la valse amoureuse menée par Bardot. Une armada de jeunes comédiens s’applique à faire revivre Roger Vadim, Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel, Gilbert Bécaud, Jacques Charrier, Samy Frey - tous montrés comme des objets passés dans le lit de B.B. “On a pas mal insisté sur la nudité des hommes et son désir pour les hommes”, commente Danièle Thompson.  “Elle passe d’homme en homme - parfois au même moment, précise Julia de Nunez. Mais tous ces hommes, elle les a profondément aimés.” L’histoire se concluant en 1960, elle aura à peine le temps d’évoquer la passion de Brigitte Bardot pour les animaux (survolée sur le dos de deux chiens et d’une lapine), mais plus personne n’est là pour raconter son histoire avec Serge Gainsbourg, sa retraite et son dégoût du cinéma, et encore moins ses propos controversés et sa condamnation pour injures publiques. Peut-être dans une saison 2?

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