

Ils jettent de la soupe ou de la purée sur des œuvres d’art légendaires, se collent les mains sur des routes ou taguent les portes de lieux de pouvoir. Les militants multiplient les actions toujours plus spectaculaires pour alerter sur le dérèglement climatique. En Allemagne, par exemple, tous les yeux étaient rivés sur Lützerath, ce petit village proche de la frontière belge voué à disparaître de la carte au profit d’une mine de charbon à ciel ouvert. Depuis 2020, des activistes y avaient installé une ZAD, comprendre une zone à défendre, avant d’être évacués violemment par la police en janvier dernier. Greta Thunberg faisait partie des jeunes militants interpellés. “Comme le symbole du vieux monde qui résiste face à la jeunesse qui plaide pour un avenir vivable”, dénonçait son mouvement Fridays For Future. Chez nous, en février, une quarantaine d’individus ont bloqué le terminal des jets privés de l’aéroport de Zaventem afin de réclamer l’interdiction de ce mode de transport particulièrement polluant. Chaque mois, partout en Europe, ils sont de plus en plus nombreux à choisir la désobéissance civile pour pousser les responsables politiques à agir de manière plus écoresponsable.
Qui sont ces activistes? Quelles sont leurs motivations? Et surtout, jusqu’où sont-ils prêts à aller? Ce reportage analyse cette nouvelle génération militante qui flirte avec l’illégalité dans l’objectif d’être vue et entendue. On rencontre ainsi Alba, 20 ans, qui s’est collée à un tableau de Goya et prépare un nouveau coup. Dina, 23 ans, qui vivait sur la ZAD de Lützerath, avant qu’elle soit démantelée. Ou encore Irma, 26 ans, déterminée à faire entendre sa voix, malgré les trois plaintes dont elle fait l’objet. Pour ces jeunes désespérés face à l’urgence climatique, manifester dans la rue ne suffit plus.