Jane Campion, la femme cinéma : portrait de la première femme à avoir remporté la Palme d’Or à Cannes

Diffusion le 8 mars à 23h15 sur Arte

De la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, première femme à avoir remporté la palme d’or à Cannes (en 1993 pour La leçon de piano), on connaît l’excellent ouvrage du critique Michel Ciment, Jane Campion par Jane Campion. Il était temps, dans ce monde du cinéma très machiste où la réalisatrice a dû batailler ferme pour s’imposer, qu’elle se mette à table exclusivement avec une femme pour évoquer la femme qu’elle est, indissociable de l’artiste qu’elle est devenue, apparue sur la scène ciné (en 1989, avec Sweetie) et toujours présente 35 ans plus tard (elle vient de casser la baraque sur Netflix il y a un an à peine avec son western féministe The Power Of The Dog).

C’est chose faite avec ce très beau documentaire de sa consœur Julie ­Bertuccelli (Depuis qu’Otar est parti) qui débute par une image forte: Jane Campion, unique femme au milieu d’une quarantaine de cinéastes pour célébrer les 60 ans du Festival de Cannes. Et la question d’une journaliste: “Quel effet ça vous fait d’être la seule femme parmi tant d’hommes?” “C’est représentatif de la vie actuelle… hélas”, lâchera Campion.

Et en effet, le doc le montre à merveille, l’œuvre singulière, forte, profonde et éminemment cinématographique de Campion (on pense à la tignasse roux vif de la jeune Janet qui tranche avec la route désertique dans Un ange à ma table ou à l’étrange obscurité des catacombes où Osmond/Malkovich avoue son amour à Isabel/Kidman dans Portrait de femme, diffusé juste avant, à 20h55) ne tourne qu’autour de cela: la place de la femme dans le monde. Et de la quête d’émancipation de cette dernière face à la domination de l’homme pour devenir elle-même. Vaste programme que la réalisatrice fan de Lynch (“Un de mes héros modernes”) pose pierre après pierre sous forme de films forcément autobiographiques d’une femme artiste qui continue d’avancer dans un monde toujours surinvesti par les hommes.