
Le duo gagnant de "The Dancer", Fusion, revient sur les raisons de son succès: avec Agustín, "ça a été la bonne rencontre"

Depuis la finale de "The Dancer" hier soir, l'ambiance de fête n'était toujours pas retombée à la RTBF ce mercredi matin. Tout le monde affiche encore un grand sourire, y compris parmi le staff de la chaîne publique qui a également dûment célébré ce moment. Alors que dire des vainqueurs de la veille? Kevin (35 ans) et Saléna (27 ans), mieux connus par leur nom de groupe "Fusion", sont encore sur un petit nuage, tout comme leur coach, Agustín Galiana. "Notre sentiment, il est dans la gratitude, l'aboutissement, la consécration", confie Kevin, alias "Pilou". Encore bercés par l'euphorie de la victoire, ils analysent pour nous la recette de leur succès qui leur vaut aujourd'hui ce beau trophée, qui trône entre les sièges des deux amoureux devenus célèbres.
"Ça va au-delà de la danse"
La tâche était pourtant de taille pour Fusion. Pour la première fois, ils ont dû séduire le grand public sur la principale chaîne de télévision. Un véritable challenge et pourtant, ils ont de l'expérience! Par le passé, ils ont remporté le célèbre concours mondial "Blackpool Dance Festival", ainsi que le "World of Dance" en France et aux Pays-Bas. Saléna a travaillé pour le "Saint Petersburg Ballet", Kevin pour le spectacle "Les Dix Commandements, le retour". Ajoutons à cela des événements notables, comme leurs performances sur le plateau de "The Voice" et à l'exposition universelle de Dubaï, sans oublier l'ouverture de leur école de danse à La Louvière. Un joli palmarès couronné hier par cette victoire à "The Dancer", qui clôt leur période de participation à des compétitions, afin de se recentrer sur d'autres activités.
L'expérience était donc là mais comme le précise Saléna, "peu importe ce que l'on vit, c'est toujours nouveau et ici, c'est encore une nouvelle expérience". "Ce qui est fort chez eux, c'est que ce n'est jamais acquis", précise le coach. "Ils veulent à chaque fois aller chercher l'excellence et c'est leur force". Agustín ne tarit d'ailleurs pas d'éloges pour le duo. Il précise qu'en plus de la recherche de la perfection, ils ont ce sens de la précision, de la passion, de la discipline, etc. "Puis tu sais ce qu'ils sont en train d'exprimer. Il y a une complexité des mouvements mais cela reste facile à lire pour le public. Les gens ont pu comprendre. Le regard que vous avez l'un pour l'autre, c'est incroyable ! Et ça, ça se ressent. Ça va au-delà de la danse".
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Un style métissé qui a fait mouche
Mais dans le cadre d'un tel concours, regardé par autant de personnes, d'autres qualités pèsent dans la balance afin de se se démarquer de la concurrence. "Pour moi, vous avez créé un style de danse qui vous appartient. C'est très personnel, ça touche les gens et le public l'a vu", renchérit Agustín. Il faut dire que leur nom de scène ne vient pas de nulle part. Au-delà d'être un couple, leur "fusion" vient aussi de leurs sensibilités respectives. Lui vient d'un milieu hip-hop et urbain, elle de la danse classique et académique. De là est né leur mélange des genres.
Cette spécificité ne leur a d'ailleurs pas toujours facilité la vie. "Avant, en compétition, t'étais soit hip-hop, soit jazz. On n'était aucun des deux et donc toujours hors-catégories. Maintenant, ça s'est ouvert, parce que ça se mélange de plus en plus", constate Saléna qui voit son compagnon préciser que ce métissage, "c'est le futur" de la danse. Elle ajoute à ce propos que l'étiquette "danse contemporaine" accolée par la RTBF à leur nom ne leur correspond pas tout à fait, et servait plus au public à s'y retrouver.
Reste que cette particularité qui les caractérise leur vaut désormais une superbe victoire sur "The Dancer". "Avant, c'était trop frais. Les gens ne comprenaient pas, c'était trop mélangé, avec trop d'infos peut-être. Mais aujourd'hui, oui, on a une identité", acquiesce Kevin. Pour lui, clôturer les compétitions de cette façon avec "The Dancer", c'était un véritable "rêve" et cela tenait vraiment à cœur du duo de gagner la finale. "Dans le milieu professionnel, on a notre tampon 'Validé'. Mais le fait d'être reconnu par le public, c'est un cadeau et on est très heureux de ça. Les gens nous connaissent et voient notre travail", explique-t-il. "Et tout ça chez nous !", souligne Saléna.
"Le meilleur des coachs"
Ils citent encore un élément central pour expliquer leur succès: leur coach. "Agustín y est pour beaucoup", insiste Kevin. "C'est quelqu'un de très apprécié. Le public le suit dans ses choix et quand il nous met en avant, cela a un impact. Puis Agustín fait le show. Pour moi, il était le meilleur des coachs". "Dommage d'ailleurs qu'il n'y a pas de trophée pour les coachs !", complète Saléna.
"J'ai eu la grande chance qu'ils m'aient ouvert leur fusion et ça a été un cadeau immense", réagit l'acteur. Il faut dire que s'il a accepté de participer à l'émission, c'est en partie parce qu'il voulait avoir ce moment où il dansait avec ses talents, ce qu'il a pu faire lors de la finale. "Je n'avais pas dansé depuis six ans et pour moi, ça a été un moment de bonheur. T'imagines, danser avec ces deux bêtes scéniques ? Avec les meilleurs danseurs de la Belgique ?", dit-il en faisant rire le couple.
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S'il s'avoue un peu frustré par le poids de ses 44 ans qui ne lui permettent déjà plus d'être aussi performant que dans la fleur de la vingtaine, il était toutefois au taquet pour enchaîner les entraînements de sept heurs par jour avec ses différents finalistes. "Il a épaté tout le monde", précise Kevin, qui rigole encore avec son coach des multiples courbatures de ce dernier après les répétitions. Beaucoup d'efforts aujourd'hui, récompensés, Agustín se disant "fier". Et il a de quoi ! Adolescent, il avait déjà cet amour de la danse, mais il n'a pas pu s'engager dans cette voie pour faire carrière. Depuis, il a gagné "Danse avec les stars" en temps que talent et "The Dancer" comme coach. Une véritable revanche sur la vie ! "Pour moi, c'est énorme", se réjouit Agustín. "Ce qui est bien dans cette émission, c'est que c'est le partage qui gagne. On a tous gagné, et c'est ça qui est beau".
L'espoir que l'émission suscitera des vocations
Maintenant que la finale est passée, Fusion fait le bilan. "On a reçu beaucoup de messages, d'ondes positives et plein d'amour. C'est super et ça nous touche", confie Kevin, qui concède toutefois "avoir le seum" après avoir lu les commentaires des "2-3% de personnes malveillantes" qui ont pris le couple pour cible. "Ils ont été très affectés par ces gens qui se surnomment eux-mêmes les 'Anti-Fusion'", précise Agustín qui a pu ici faire jouer son expérience dans le milieu médiatique pour leur faire prendre du recul. "J'ai reçu aussi des messages du genre, mais il ne faut pas les écouter. On sait qui on est et ce que l'on fait. Ce n'est pas être prétentieux mais à un moment donné, il faut se protéger".
Sur un ton plus positif, le duo espère en tout cas que "The Dancer" inspirera le public. "Je pense que c'est une émission qui créera plus facilement des vocations et qui encouragera des jeunes à franchir le pas, parce que c'est plus accessible", estime Kevin. "On retrouve plus la réalité et la diversité du terrain. Danse avec les stars, c'est un super programme mais c'est avec les stars. C'est plus un show, tandis qu'ici, on est dans un entre-deux". "Puis Danse avec les stars, tu sais que tu n'y mettras jamais les pieds", ajoute sa compagne.
"Je pense que cette émission va faire du bien à toutes les structures du milieu: l'événementiel, les écoles de danse, etc. Si on y a participé, c'est aussi pour donner l'exemple", affirme "Pilou", qui pense que si la danse reste moins valorisée que d'autres disciplines, "c'est parce qu'on n'est pas assez informé".
Enfin, s'il remercie ceux qui ont soutenu leurs projets tout au long de leur carrière, comme le CENTRAL de La Louvière, on sent qu'il y a une envie d'avoir un meilleur appui politique pour que le secteur de la danse s'épanouisse. "Mon avis, c'est que dans n'importe quel pays, le ministère de la Culture pourrait donner plus d'argent", conclut son coach. "Il faut aider les compagnies à faire plus de spectacles de danse, parce que c'est très difficile à réaliser".