
Le film de votre soirée : Vortex, le film le plus abordable de Gaspar Noé

Diffusion le 14 février à 20h30 sur Be1
Adulé ou détesté, Gaspar Noé et ses choix radicaux ont souvent déstabilisé ou choqué une partie du public. Irréversible restant son film le plus polémique, avec sa longue scène de viol qui fit scandale à Cannes en 2002. La même Croisette où, treize ans plus tard, Love sera projeté lors d’une séance de minuit où la foule se pressait pour y découvrir des scènes de sexe non simulées. Mais au-delà des controverses que l’œuvre du réalisateur peut susciter, il faut lui reconnaître une vraie originalité formelle. Après le montage inversé d’Irréversible et les séquences 3D de Love, Noé se sert cette fois du split screen pour suivre le parcours des deux personnages principaux de Vortex. Deux images s’offrent donc en permanence au regard du spectateur, convié au spectacle dérangeant d’un vieux couple confronté aux affres de la vieillesse.
“À tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le cœur”. C’est par cette phrase révélatrice que le film commence, où, tandis que la femme, ancienne psychiatre, voit ses facultés rongées par la maladie d’Alzheimer, l’homme refuse de placer son épouse dans une institution, tentant plus mal que bien de gérer une situation qui lui échappe. Pour incarner ce duo entraîné vers un déclin inéluctable, Gaspar Noé a fait appel à Françoise Lebrun (révélée en 1973 dans La maman et la putain, de Jean Eustache) et Dario Argento, grand maître du giallo italien dans les années 60-70. Une association inattendue et un cinéaste qui surprend à nouveau, livrant son récit le plus abordable, même si particulièrement sombre, sur ce qu’il appelle “un tabou tacite, parce que tout le monde est terrorisé par la sénilité”. Mais un tabou qu’il aborde frontalement, avec une lucidité non dénuée d’émotion.