À la télé ce soir: Marie Trintignant, le portrait signé par sa mère

Diffusion le 26 janvier à 22H45 sur Arte

L’exercice était périlleux, quand on sait ce qu’il charrie de souffrance, de cruelle injustice, de colère aussi, chez la maman cinéaste, Nadine Trintignant, qui signe ce très émouvant portrait de sa fille, Marie, trop tôt disparue, sous les coups mortels d’un Bertrand Cantat animé de bien noirs désirs, une tragique nuit d’août 2003. La comédienne Marie Trintignant avait 41 ans.

Fille d’une cinéaste donc et du comédien Jean-Louis Trintignant, elle est une enfant de la balle. Traîne sur les tournages, puis joue dans des films de sa maman. Mais sa petite bouille un peu boudeuse d’ado de 17 ans au regard étrangement mature va littéralement crever l’écran dans le polar sulfureux Série noire, avec l’immense Patrick Dewaere. La jeune fille, qui combat depuis toujours une timidité maladive, se met à nu dans tous les sens du terme. Dewaere donne tout, fait le pitre pour la mettre à l’aise, elle lui rend la pareille jusqu’à l’épuisement. C’est Chabrol qui lui apprendra sur le tournage d’Une affaire de femmes que l’on peut jouer sans souffrir. Que l’on peut même “aller plus loin avec le ludisme”. L’expérience la pose comme actrice mais aussi comme femme. Marie enchaîne des rôles complexes, étoffe son jeu, rend baba Marielle avec lequel elle joue du Pinter au théâtre.

Mais ce documentaire nous cueille surtout une fois les projecteurs éteints. Quand il donne à voir la “vie au naturel”, sans voyeurisme, mais nous rendant témoins privilégiés de moments de complicité tendre entre Marie et Jean-Louis. Ce joli roman de famille, cette lettre d’amour posthume de Nadine Trintignant à Marie a le don de la rendre étonnamment proche et vivante. Mais l’émotion atteint son comble lorsque, avec une dignité exemplaire, Nadine rappelle le drame qui brisa sa famille, rendant sa fille à la foule anonyme des femmes qui, comme elle, ont subi la maltraitance masculine. Afin qu’elles se sentent moins seules.