
Le roi de l’évasion se livre

Diffusion le mercredi 1er à 20h20 sur La Une
L’histoire commence par un coup d’éclat: l’un des bandits les plus recherchés de France, arrêté en Belgique, réussit à filer lors d’une audience en chambre du conseil. Une scène d’Arsène Lupin… qui dérivera, très vite, en affaire d’État. Les enquêteurs suspectent Michel Graindorge, son avocat, de complicité. Connu pour son engagement et ses idées de gauche, celui-ci se déclare “prisonnier politique”. Des manifestations réclament sa libération. Le documentaire revient sur cette affaire d’État, en alternant les archives télé et les reconstitutions.
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Des protagonistes témoignent: Jean-Claude Defossé, journaliste et ami de Michel Graindorge, Catherine Graindorge, sa fille, Marc Preumont, avocat présent dans la salle au moment des faits… et François Besse lui-même. Clémentine Bisiaux, journaliste, a passé plusieurs mois à le convaincre de participer: “Ce qui a été déterminant, c’est que la demande vienne d’un média belge. Il a gardé un bon souvenir de son passage en Belgique. Il y a été mieux traité qu’en France, aussi bien en prison que par les enquêteurs. Il y avait un réel respect mutuel avec son avocat, maître Graindorge.”
Son récit pose, à l’initiale, les mêmes questions que Soupçons, la série consacrée à Bernard Wesphael. Les auteurs ne nous livrent-ils pas sa vérité, dans un film à décharge? La différence apparaît vite, en découvrant cet homme aujourd’hui, pétri de philosophie. Clémentine Bisiaux souligne: “Il reconnaît avoir été bandit, mais c’est le résultat d’une enfance difficile, de mauvaises fréquentations et d’une condamnation à tort au début des années 70. Il a été torturé à Bordeaux par la police. Il s’est séparé de Mesrine quand il a compris sa violence et son esprit de vengeance. Il n’a jamais tué personne. Ce point de départ fait que l’on a de la sympathie pour le personnage. On en a aussi pour l’homme qu’il est devenu. Il a reconnu, au procès d’assises en 2002, qu’il s’était trompé, qu’il n’avait pas compris qu’on pouvait changer en prison. Dès sa sortie, il s’est engagé auprès de l’abbé Pierre. Il a à cœur d’indemniser ses victimes”.
Le film poursuit son histoire, la clandestinité en Italie, en Espagne, au Maroc, jusqu’à son arrestation en 1994. Il survole sa rédemption en prison. On reste frustré de voir cette seconde partie de vie à peine ébauchée. Le documentaire a choisi de mettre l’affaire Graindorge en avant, Belgique oblige. Il loupe un peu un passionnant portrait d’homme.