Le documentaire du jour: Parents de tueurs

Diffusion le 17 juin à 23h00 sur La Une

On ne naît pas monstre, on le devient, dit-on. Dès lors, lorsqu'un ado prend une arme et descend froidement camarades de classe et professeurs, ses parents se trouvent très vite sur la sellette. Qu'ont-ils raté dans son éducation? Quels sévices lui ont-ils fait subir pour qu'il se tourne vers la violence? On ne peut pas s'empêcher de juger ces gens, voire d'envisager leur responsabilité.

Pourtant. Ils semblent bien ordinaires et réfléchis, les parents qu'ont rencontrés Frida et Lasse Barkfors, le duo de réalisateurs danois déjà auteurs des terribles Pervert Park et Death of a Child. Le couple filme ces personnes longtemps après les faits, sans sensationnalisme, en évitant les rappels, les images d'archives d'infos en temps réel ou les reconstitutions de carnages.

Les parents racontent le jour de la tuerie, puis leur présent, face caméra et surtout dans leurs activités (souvent très symboliques comme lorsqu'un père parle dans un car wash). Alors qu'on imaginait voir des personnalités compliquées, aux histoires trash ou révoltantes, ce sont des citoyens lambdas qui décrivent et réfléchissent à la tragédie. Ils sont hantés par la culpabilité face aux victimes comme à leur enfant, pointés du doigt par une partie de la société au point, pour l'un, de déménager, bouleversés dans leurs certitudes (”mon monde a volé en éclats“ confie Sue Kebold, mère de Dylan, l'un des meurtriers de Columbine).

Et malgré tout, ils restent parents. Sue confie ses regrets de n'avoir pas juste écouté son fils, de ne pas l'avoir amené à confier son malaise, de n'avoir rien vu venir. Un autre souligne le harcèlement dont son enfant était victime avant les faits, comme une explication voire une excuse. Petit à petit, la conversation intime les amène à aborder l'amour et leur rôle de parent aujourd'hui. Un moment pudique, fort et remuant.