
Santé mentale, la grande oubliée de la crise

Diffusion le 21 avril à 20h30 sur La Une
Ce n’est plus un scoop: le moral des Belges est en berne. Selon la sixième “Enquête de santé Covid-19” menée par Sciensano et publiée en décembre 2020, 23% de la population présente des troubles anxieux, et 22% souffre de dépression – un nombre plus élevé que lors de la première vague de l’épidémie. L’étude montre aussi que depuis le début de la crise sanitaire, une large majorité de la population (72 %) éprouve des troubles du sommeil – ” un chiffre extrêmement élevé”, précise l’enquête.
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Mais ce sont sans commune mesure les jeunes qui paient le prix fort de l’isolement social: dans la catégorie des 18-24 ans, 39% sont touchés par l’anxiété et 37% par la dépression. Plus inquiétant encore, près de la moitié d’entre eux (48%) estiment leur vie peu, voire très peu satisfaisante. Comment a-t-on pu en arriver là?
Pour y voir plus clair, les réalisateurs Adrien Lasserre et Jean-Christophe Adnet ont mené l’enquête: ils ont interrogé des étudiants, des personnages âgées, des travailleurs – dont des membres du personnel soignant – et se sont rendus dans des services d’urgence psychiatrique afin de mesurer l’ampleur du problème. Le constat est sans appel: les autorités ont sous-estimé les conséquences psychologiques de la pandémie.
Certes, des mesures ont été prises. Au début de la crise sanitaire, le cabinet de la ministre de la Santé publique Maggie De Block (Open VLD) a étendu à tous les âges le remboursement partiel des séances psychologiques de première ligne, à hauteur de 8 consultations maximum par an. Une décision qui s’est rapidement révélée insuffisante compte tenu de la durée du confinement. En juin 2020, le gouvernement prend conscience de la gravité de la situation et libère une enveloppe annuelle de 200 millions d’euros afin de financer les soins de santé mentale. Mais sur le terrain, ses effets se font encore attendre.
Pourtant, le temps presse: dans un bilan dressé en juin, le Centre belge de Prévention du Suicide affirmait que la crise sanitaire “a participé à l’augmentation de facteurs de risque suicidaire” et que ses conséquences “risquent de se manifester de manière plus aiguë au cours des mois (voire des années) à venir”. Ce n’était donc pas une surprise…