
La rencontre du jour: Joey Starr

Diffusion le 31 mars à 20h20 sur RTL-TVi
Après Gloria et avant le film consacré à l’histoire de NTM, Joey Starr reste bien présent sur les petits écrans… Et dans Le remplaçant, il explore une nouvelle facette de son talent dans ce rôle d’enseignant mentor et rebelle. Un personnage charismatique qui donne envie d’une école humaniste, tolérante, mais pas bisounours pour autant.
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Le projet du Remplaçant vient de vous… Qu’est-ce qui vous a donné envie d’une série en milieu scolaire?
Joey Starr: J’ai été assez surpris que TF1 vienne me proposer un premier rôle. Ils m’ont demandé ce que je ferais… J’avais en tête un mélange de The Detachment, le film avec Adrien Brody et du Cercle des poètes disparus. Je pensais que ça ne les intéresserait pas du tout. J’ai lancé ça un peu pour écourter le débat. Pendant 8 mois, je ne les ai pas revus. Puis ils sont revenus en fanfare avec un pôle de scénaristes. Je voyais une histoire plutôt dark, même sur TF1. Je suis de la génération Pause Café, Joëlle Mazart. Ça proposait une lecture de la composante française, même européenne…
Vous seriez la nouvelle Véronique Jannot?
J.S.: Ma proposition était d’avoir un prof de français remplaçant. On ne sait pas d’où il arrive. Je voulais qu’il soit comme Mel Gibson dans l’Arme fatale, pas complaisant, qu’il botte la fourmilière. Mais ça reste du TF1. Quand j’ai vu le premier épisode, j’ai failli me jeter en boule par terre… Jusqu’à la première coupure pub, ça va à une vitesse! Dans le deuxième on est déjà un peu plus dans le ton. Je voulais que le mec sorte des sentiers battus… J’avoue que j’ai une petite revanche à prendre avec l’Education nationale. (…) Je me suis fait virer en troisième. Quand j’ai dit à ma mère que j’allais jouer un prof de français, elle a failli faire un AVC. Moi, j’allais à l’école pour pas que mon père m’engueule, pas pour apprendre.
Comment donnez-vous envie à vos enfants d’aller à l’école?
J.S.: J’explique. Je leur dis tout le temps ‘Prenez tout ce qu’il y a à prendre. A 53 ans, je suis toujours en construction. Je n’ai pas honte d’apprendre ou de ne pas savoir. Alors, vous, à votre âge, vous ne devez pas vous arrêter’. Du côté de leur mère, tout le monde a Bac++. Les gosses ils se sont fait enfumer! Ça bosse à l’école. Un de mes fils, à douze ans, est arrivé effondré parce qu’il n’avait pas atteint ses objectifs sur le trimestre. Vous ne pouvez pas vous rendre compte comme c’est vertigineux pour moi d’entendre un gamin de douze ans qui miaule parce qu’il s’est loupé sur le trimestre.
Qu’est-ce qui vous a amené à la lecture?
J.S.: Ado, je ne lisais pas. Ce sont les rencontres qui m’y ont amené. La première vraie fiancée que j’ai eue m’a fait lire Milan Kundera. Après, j’ai découvert Antonin Artaud dans des soirées bizarroïdes, sous opiacés. J’ai toujours Le suicide de la société dans mon sac. Le relire, me rappelle l’ambiance de l’époque.
Dans le Remplaçant, une ancienne professeure donne envie de lire à votre personnage en lui disant qu’un livre est trop difficile pour lui… Vous procéderiez comme ça avec vos fils?
J.S.: Pas besoin… Mon fils de 6 ans s’est mis le challenge d’apprendre à lire et écrire. A force de lui raconter des histoires, il en a monté une. Il a dit à sa mère ‘Papa m’achètera une console si j’apprends à lire et écrire’. Je n’ai jamais dit ça… Le mec s’est mis ce challenge dans les pattes tout seul. Il est à fond! Le premier de sa classe! Mais j’ai attendu pour la console. Je lui ai dit ‘C’est bien, mais maintenant j’aimerais que tu m’expliques ce que tu lis, que tu synthétises avec tes mots’. C’est bien, de remonter le curseur de la lecture, de la pensée, de l’analyse. Lire, ça fait autant voyager que les dessins animés, le carré magique qui amène tout tout cuit, tout mâché, sans penser. Il m’arrive d’en regarder avec eux, mais je leur demande ce qu’ils en ont pensé, on en parle derrière. Il faut les amener à réfléchir.