Le manifeste des 343, dans les coulisses d’un scandale

Le 5 avril 1971, Le Nouvel Observateur crée l’événement en publiant un manifeste en faveur de l’avortement.

Le manifeste des 343 RTBF
Diffusion le 27 mars à 21h05 sur La Trois

Nous sommes en 1970. Le progrès technologique a révolutionné la vie des Français. Depuis quelques années, les femmes peuvent travailler et ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari. Un vent de liberté souffle en apparence sur le pays en pleine transformation.

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Mais derrière cette image de la modernité se cache un drame intime. Dans la plus grande clandestinité, 8000 avortements sont pratiqués chaque année en France. Ils provoquent la mort de 5000 femmes par an dans l’indifférence générale. Cette situation désastreuse alarme une jeune journaliste qui travaille au Nouvel Obs. Nicole Muchnik est militante de gauche et féministe. Elle veut en finir avec cette hécatombe. Mais comment amener les femmes à briser le silence? La France de 1970 vit encore sous le joug de la loi de 1920 qui interdit l’avortement et toute propagande à son sujet. Parallèlement à cette entreprise compliquée, le carcan dans lequel sont maintenues les femmes commence à se fissurer.

Dans la mouvance de mai 68, certaines décident de faire entendre leur voix et de sortir de l’ombre. Le Mouvement de libération des femmes (MLF) se forme. Anne Zelensky devient l’une de ses figures historiques. Et c’est elle que Nicole Muchnik décide de contacter pour l’aider à publier une déclaration en faveur de la légalisation de l’avortement. Pour marquer le coup, il fallait recruter des femmes célèbres prêtes à la signer. Anne Zelensky demande à Simone de Beauvoir de participer à cette action. La philosophe et écrivaine auréolée d’un prix Goncourt accepte sans tarder. L’auteur de Le deuxième sexe déclarait déjà en 1949: “La maternité doit être un choix libre et réfléchi”. À 62 ans, Simone de Beauvoir trouve dans cette nouvelle génération le prolongement de son combat féministe. Les rendez-vous se multiplient et de nombreuses artistes amènent leur soutien à cette œuvre collective.

Le 5 avril 1971, le manifeste apparaît en première page du Nouvel Observateur. Le scandale est total. Avec la signature de ces “343 salopes”, c’est toute la vérité qui éclate sur la réalité de l’avortement.

 

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