

“Des journalistes ? Il en faut hein!” Les paroles de ce monsieur, interrogé par la réalisatrice Anne-Sophie Novel nous font chaud au cœur. C’est qu’on a plutôt l’habitude ces dernières années d’entendre que les médias, et les journalistes (parce que ce n’est pas tout à fait la même chose), participent au délitement de la société. Donc, un mot gentil, on prend. Ça ne durera pas longtemps.
À l’heure des fake news, d’une surabondance d’infos et d’une polarisation incontrôlable de la société sur des sujets sensibles qui se multiplient, la méfiance envers les médias n’a jamais été aussi élevée. En 2018, 6 personnes sur dix dans le monde confiaient ne plus faire confiance aux journalistes. Anne-Sophie Nouvel veut comprendre comment on en est arrivé là et pour ce faire, elle a décidé d’investiguer. Mais avec une malice rafraîchissante.
La démarche d’Anne-Sophie Novel est plutôt inhabituelle. Ce n’est pas réellement un documentaire sur la manière de consommer l’information, ni sur celle de la produire. L’idée se situe entre les deux. Elle parvient à quitter l’entre-soi qui caractérise les journalistes tout en touchant les faiseurs d’infos. Une prouesse impressionnante de maîtrise, pleine d’humour et ajustant le parfait recul sur un monde qui doit s’interroger sur ce qu’il veut devenir. Un film bien méta qui voyage entre la France et le Danemark, les States et l’Angleterre, à la rencontre de journalistes ou de consommateurs d’actualités qui ont décidé de modifier leur rapport à l’information. Comme Demain, mais pour les médias. Avec un peu moins de moyens, mais avec le même brio. Pour ensuite comprendre ce qui pourrit le monde médiatique, on vous conseille aussi le docu Murdoch, le grand manipulateur des médias diffusé sur Arte le 16 février à 20h50. L’occasion de croiser un gars assez dégueulasse qui fait plus de mal que de bien à l’univers qui le fait vivre.