
Arte rediffuse l'intégrale de Borgen sur son site de replay

"Bienvenue dans le monde sans pitié de la politique, des dérives populistes, des magouilles en tout genre et des connivences entre les élus et journalistes", écrivions-nous en février 2012, lorsque la Belgique découvrait Borgen. Bien avant le bouleversement de nos habitudes de consommation du petit écran, dans un secteur majoritairement dominé par les shows US, la "petite" série danoise a pu s'imposer en digne successeuse d'À la maison blanche (The West Wing), feuilleton politique culte qui mettait en scène une administration démocrate idéale. Sur fond d'intrigues politiciennes, son pendant scandinave a d'ailleurs connu un buzz sans précédent puisque lors de sa première diffusion au Danemark, la première saison a réuni 1,5 million de téléspectateurs sur une population de 5,5 millions d’habitants. À l'aide d'un casting irréprochable et d'une écriture fouillée, Borgen explore la politique danoise sous le prisme de Birgitte Nyborg, leader du Parti centriste au caractère bien trempé, qui accède au pouvoir après une bataille électorale pleine de rebondissements. L'actrice principale, Sidse Babett Knudsen, a pris part activement à l’élaboration de son rôle, un fait notoire dans un univers où les acteurs n’ont pas forcément leur mot à dire sur l’écriture scénaristique.
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Birgitte Hjort Sørensen dans Borgen © Prod.
Tandis que The West Wing se concentrait particulièrement sur la politique, Borgen explore "trois piliers de la démocratie moderne occidentale que sont les politiques, les conseillers en communication et les journalistes", expliquait Adam Price au magazine Télérama. Chacun des piliers est représenté par l'un des personnages principaux : Birgitte (Sidse Babett Knudsen), la Première ministre, Kasper (Pilou Asbæk), son spin-doctor (conseiller en communication), et Katrine (Birgitte Hjort Sørensen), la journaliste politique. Portés par le succès de la série, les trois acteurs·trices ont ensuite connu une carrière internationale. On a pu ainsi voir Knudsen dans Westworld ou aux côtés de Fabrice Luchini dans L'Hermine, Asbæk sous les traits d'Euron Greyjoy dans Game of Thrones et Sørensen dans Vinyl et Pitch Perfect 2 (et accessoirement un épisode de GoT).
Pilou Asbæk dans Borgen © Prod.
Point intéressant pour les spectateurs belges: le système politique danois, fait de coalitions et de compromis entre divers partis, ressemble parfois au nôtre, ce qui rend la série d'autant plus passionnante pour tout citoyen belge ayant l'envie (ou la force, c'est selon) de comprendre les structures de notre pouvoir.
En explorant de façon réaliste ce domaine ultra-complexe, Borgen a été largement bien accueillie par la critique internationale. Vendue et diffusée dans de nombreux pays (dont le Royaume-Uni, le Mexique, le Québec et la Corée du Sud), la série a reçu plusieurs prix dont le British Academy Television Award de la meilleure série internationale. Ayant flairé le bon fillon, les Américains auraient même envisagé d'en produire un remake adapté à leur réalité nationale... En 2012, NBC achetait les droits d'adaptation et annonçait que Jason Katims (Friday Night Lights, Parenthood) serait aux commandes de cette version US. Depuis, le projet semble avoir été abandonné. Qu'importe, puisque l'originale se redécouvre sans lassitude. Et c'est sur Arte jusqu'au 15 décembre.