En mission coloniale

S’il est une partie de l’histoire sur laquelle les Belges reviennent avec appréhension, c’est celle de la colonie du Congo. Parce que la Belgique a énormément pris et très peu donné. Parce que les exactions commises à l’époque sont indéfendables. Et parce que certains vivent encore grassement d’une fortune familiale acquise dans des conditions qui feraient rougir les moins humanistes d’entre nous. Bref, le sujet reste délicat. Fenêtre sur doc se penche néanmoins sur ce passé pas si lointain, en proposant deux documentaires sur le sujet: Mémoires de missionnaires et l’excellent mais glaçant Kongo cœurs noirs hommes blancs. Le premier, inédit, donne la parole aux derniers missionnaires. Ces prêtres chrétiens partis au Congo afin d’évangéliser les populations. Les jeunes religieux avaient bien souvent les meilleures intentions du monde: ils allaient venir en aide à un peuple qui avait besoin de la guidance occidentale. Une condescendance colonialiste très ordinaire, dans l’Europe de l’après-guerre…

Si certains missionnaires gardent de magnifiques souvenirs de leurs années au Congo, d’autres sont plus mitigés. Mais ils partagent une certitude: celle d’avoir joué un rôle primordial dans les communautés où ils ont été envoyés. Leur travail a laissé ses marques. Encore aujourd’hui, on se rappelle les prêtres blancs et leur mission. Reste à débattre de la pertinence de ces interventions. L’implantation de la culture occidentale était-elle une nécessité? Les prêtres ont-ils rendu service en éduquant à la lumière de la “modernité occidentale”? Notre mode de vie était-il un modèle universel à présenter comme un but à atteindre? Tant d’interrogations qui, au-delà des affreux crimes commis durant la période coloniale, évaluent le rôle des Belges au Congo.