

Dans la foulée des Victoires de la Musique où elle a remporté les deux récompenses les plus prestigieuses (Artiste féminine de l’Année, Album de l’année pour “Cœur”), Clara Luciani a repris son Respire Encore Tour où elle se montre plus flamboyante que jamais. Après un Cirque Royal complet l’automne dernier, la chanteuse se produisait ce mercredi dans le temple bruxellois de Forest National. "C’est la première fois que je joue devant autant de monde", avouait-t-elle, très émue, en lever de son spectacle. Dans sa conduite, la trame est identique à celle du Cirque Royal. Parfaitement dans le ton hédoniste de son album "Cœur", l’intention, aussi noble que légitime, est de "faire la fête". Décor, dégaine disco glam seventies de son groupe, ondulations de ses trois choristes, lumières… Tout contribue à cet esprit dancefloor. Debout, libéré et démasqué, le public a réagi au quart de tour.
La première partie du concert est la plus percutante. Les titres s’y enchaînent sans trop de temps morts. Des guitares, des basses et une batterie qui claquent... Un Cœur toujours énorme en intro, suivi d’ Amour Toujours avec sa rythmique so Chic que ne renierait pas Nile Rodgers ou encore les plus intimistes Nue et Les Fleurs. C'est du lourd. Entre disco rétro-futuriste et chanson française moderne, Clara Luciani rappelle aussi ses velléités rock et son sens de la nuance. Sourire en guise de respiration, guitare électrique à la main, elle tutoie ainsi les anges en couplant les grandioses Comme Toi et Monstre D’Amour, tous deux tirés de son premier album "Sainte-Victoire". Un des moments "5 étoiles" du show selon nous avec sa version émouvante de J’Sais Pas Plaire sur le premier rappel où elle brise sa carapace.
Musicalement et scéniquement, c’est la grande classe. Clara Luciani se sent de plus en plus à l’aise dans ses gestuelles de meneuse de revue. C’est travaillé, chorégraphie et répété, certes, mais ça reste naturel, sincère et d’une rare élégance. Comme la Françoise Hardy des années yéyé à qui elle fait souvent penser, Clara Luciani ne force rien. Outre leurs qualités d’instrumentistes, ses musiciens apportent aussi une belle touche visuelle en se remuant et dandinant dans un style anglo-saxon inspiré de la vague mod. Trop cool.
Mais il y a aussi des bémols. Qui dit grosse salle et grosse production suppose aussi un spectacle plus long. Et avec deux albums, il faut parfois trouver autre chose. Clara Luciani parle beaucoup entre ses chansons. Ici, aussi, c'est sincère et on sent l'émotion? Mais c'est parfois too much. Ça fait redescendre sur Terre alors que nous étions au ciel, ça casse le crescendo, ça créé aussi un gros brouhaha dans la salle. L’idée d’un karaoké géant, why not? Mais pourquoi le faire deux fois de suite. Faire chanter Alexandrie Alexandra au public quand elle va se désaltérer, c’est cool et inattendu (pour celles et ceux qui la voient la première fois). Mais pourquoi reprendre le même gimmick une demi-heure plus tard? Plus que d’entendre Abba, Cloclo ou Donna Summer, on aurait aimé écouter une ou deux chansons de plus de son propre répertoire ou même avoir un concert d’une quart d’heure de moins mais avec une musicalité plus intense. Mais tout ça n’a pas gâché notre plaisir et notre envie d’aller la revoir. Ce ne sont pas les opportunités qui manquent.
Francofolies de Spa le 23 juillet.
Solidarités de Namur le 27 août.
Forest National, le 25 novembre.