
Siouxsie à l’Ancienne Belgique: retour gagnant de la reine gothique

L’annonce du retour scénique de Siouxsie Sioux, quinze ans après sa dernière tournée mondiale (et dix ans après son dernier concert événement au Royal Festival Hall), a fait l’effet d’une bombe. Il faut dire que le timing est parfait tant l’influence de l’Anglaise et de son groupe Siouxsie And The Banshees n’ont jamais été aussi marquées. Après Jeff Buckley (Killing Time), Tricky (Tattoo), Massive Attack (Metal Postcard) et LCD Soundsystem (Slowdive), c’est la star canadienne The Weeknd qui a ainsi repris son classique Happy House. Ajoutez ces derniers mois une nouvelle compilation, "All Souls", mélangeant classiques et raretés des Banshees, la réédition 15e anniversaire de son disque solo "Mantaray", son titre Spellbound boostant les playlists Spotify après avoir été utilisé dans le dernier épisode de la saison 4 de Stranger Things et, last but not least, l’hommage à peine détourné qui lui est rendu par la grâce de la jeune comédienne Jenna Ortega dans la désormais scène culte de la "danse gothique" de la série Netflix Wednesday réalisée par Tim Burton.
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"Profitez du spectacle"
Et c’est chez nous, à l’Ancienne Belgique, que Siouxsie Sioux, 65 ans, a donné le coup d’envoi de cette nouvelle tournée ce mercredi 3 mai. Dans l’après-midi, les heureux détenteurs d’un ticket pour ce show sold-out en un temps record, recevaient le message suivant. "Vivez l'instant présent, pas à travers votre objectif ! Essayez de profiter de l'expérience autant que vous le pouvez, pensez aux gens derrière vous et gardez votre téléphone dans vos poches, pensez aussi aux autres qui n'ont pas vu le spectacle alors peut-être ne les postez pas encore. Merci d’avance, Siouxsie." On ne dira pas qu’elle a été entendue à 100% par ses fans qui, c’est devenu la règle, se devaient de montrer à leurs potes qu’ils faisaient partie des privilégiés.
Robe bleue turquoise avec des manches larges, chevelure noire agrémentée de mèches poivre sel et yeux maquillés dans la grande tradition punk… Siouxsie ne ressemble à rien d’autre qu’à Siouxsie lorsqu’elle débarque sur scène, flanquée de quatre musiciens qu’elle ne présentera pas. Elle offre en français des excuses. "Désolé, j’ai quelques minutes de retard, mais mieux vaut quelques minutes que dix ans…". Pour ce retour, et contrairement à ses deux concerts belges en 2007/2008 (Ancienne Belgique, Les Ardentes), la setlist balaie toute sa carrière. Son album solo "Mantaray" (Here Comes That Day, Loveless, Into a Swan), son projet The Creatures (But Not Them aves ses rythmiques tribales) et, of course, les grands classiques de Siouxsie And The Banshees. Ceux que tout le monde voulait entendre.
Petits pas et grande voix
La prêtresse gothique et son groupe doivent prendre ses marques sur Night Shift et Arabian Knights. Mais très vite, Sioux retrouve ses sensations, sa voix et l’attitude. Elle est détendue, fait preuve d’humour, affirme sa signature avec ses mouvements scéniques iconiques. Petits pas, grands mouvements de bras et même jambes levées - oui, comme dans Wednesday - sur le final. Le timbre est juste parfait pour sa reprise des Beatles Dear Prudence, le ton se durcit sur l’impérial Cities In Dust sublimé par des images de laves en fusion. Siouxsie possède toujours cette faculté de passer d’une atmosphère à l’autre. Elle prend une guitare électrique pour une version très brute de Sin in My Heart ("Le péché dans mon cœur" au propos toujours contemporain), enchaîne avec un euphorique Christine dédié à toutes les… Christine de la salle, avant de nous emmener dans sa Happy House où "il ne pleut jamais". Désormais sa chanson la plus streamée (merci Stranger Things), Spellbound clôture la célébration devant un public en extase. Longs applaudissements, rappel (le sautillant Peek-aBoo et The Passenger d’Iggy Pop) et arrêt obligatoire au stand merchandising. La messe est dite. Un beau concert, de belles retrouvailles, une grande Dame. Merci Siouxsie.
Siouxsie revient aux Lokerse Feesten le lundi 7 août.