
Lankum : bien plus qu'un groupe de musique folk irlandaise contemporaine

Imaginez les vocalises feutrées de Portishead, des textes qui n’ont rien à envier aux Murder Ballads de Nick Cave, des instruments comme on les entendait sur les premiers disques des Pogues et des nappes électro post-rock. “False Lankum”, quatrième album des Dublinois Lankum, mélange tout ça. Il s’agit de l’un des disques les plus singuliers que nous ayons entendu cette année. Prévu aux Nuits Botanique, le concert de Lankum a dû être déplacé à l’Orangerie pour répondre à la demande et là aussi, ce sera rempli. “Nous avons commencé à jouer dans le circuit folk de Dublin voici une dizaine d’années, expliquent avec leur accent à couper au canif Daragh Lynch et Cormac MacDiarmada. C’est après avoir signé avec le label Rough Trade que nous sommes sortis des clubs de Temple Bar et qu’on a commencé à toucher un public plus large. Mais jamais nous n’aurions imaginé nous produire dans les grands festivals européens.”
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Sublimé par la voix riche de mille émotions de la chanteuse Radie Peat, ce quatrième album de Lankum abrite, comme ses prédécesseurs, des ballades issues du répertoire traditionnel irlandais et quelques titres originaux. Beaucoup de chansons évoquent la mort et la violence. À l’instar de Lord Arore And Mary Flynn, récit d’une mère qui empoisonne son fils, de la complainte crépusculaire Go Dig My Grave ou The New York Trader contant les pérégrinations d’un serial killer d’une autre époque. Tous les titres évoquent aussi de près ou de loin la mer. “Un élément incontournable de la culture irlandaise avec tout ce que cela symbolise comme attachement à la nature, à notre esprit d’aventure, notre âme insulaire mais aussi notre peur de l’inconnu. Musicalement, l’idée était d’être plus radical qu’à nos débuts. Avec des moments sombres et des envolées lumineuses plus euphoriques”, ajoute encore Daragh qui n’aime pas trop l’étiquette “groupe de musique folk irlandaise contemporaine” précisée sur la page Wikipédia du groupe. “Notre mission n’est pas d’assurer la pérennité du folk irlandais car chez nous cette musique est toujours très appréciée. On se considère comme des geeks qui trouvent autant de plaisir à raconter de vieilles histoires pour se faire peur qu’à bidouiller des sons improbables. Qu’ils proviennent d’un banjo, d’une flûte ou d’un Portastudio numérique.”
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Le 30/4, Nuits Botanique, Bruxelles.