Annabel Lee : "Tout ce qui nous arrive aujourd'hui est du bonus"

Avec “Drift” qu’il présente aux Nuits Botanique, le trio bruxellois trouve l’équilibre parfait entre mélancolie pop et guitares rock.

Annabel Lee
© Maurice Jaccard

Trois années séparent ce nouvel album d’Annabel Lee de son acteur fondateur “Let The Kid Go”. Les guitares garage sont toujours présentes, la section rythmique envoie du lourd et la voix d’Audrey Marot s’impose plus que comme la signature du trio. Tout en excellant dans sa manière d’alterner chansons brutes et vignettes pop à la mélancolie exaltée, le trio laisse pourtant apparaître clairement un changement d’intention, aussi légitime que bénéfique.

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Mon écriture et mon rapport à la musique ont évolué, reconnaît Audrey, chanteuse, guitariste, parolière et moteur du projet. J’ai connu beaucoup de changements dans ma vie privée. J’ai 32 ans, je vis en couple, j’ai un boulot, je sors moins. Même si la promotion de “Let The Kid Go” a été freinée par le Covid, ce premier disque m’a permis de réaliser plusieurs fantasmes de mon adolescence: jouer au Bota ou à Dour, savourer l’aventure d’une tournée à l’étranger dans un van, avoir une chronique dans les Inrocks… Mais je me sens très loin aujourd’hui de “la meuf” qui débarquait avec son mini-short, sa guitare et sa dream pop à fortes influences nineties. La musique n’est plus ma seule échappatoire. Elle reste une passion mais je suis plus dans le plaisir et le lâcher-prise. C’est ce qu’on chante d’ailleurs dans Dinosaur. Tout ce qui nous arrive aujourd’hui avec Annabel Lee est du bonus.” La plupart des chansons de “Let The Kid Go” évoquaient des relations sentimentales tourmentées. “Mais quand tout va bien sur un plan affectif, tu ressens moins le besoin de raconter tes petites histoires de cœur et tu vas dès lors chercher ton inspiration ailleurs.” Le propos de “Drift” s’ouvre effectivement au monde extérieur. Le temps est parfois à la grisaille comme l’illustre le magnifique By The Sea ou aux doutes (Terrain Vague, Anxiety - métaphore sur la peur du regard des autres au moment de monter sur scène). “De manière générale, “Drift” est plus sombre que son prédécesseur mais il se révèle aussi plus diversifié et plus proche de l’auditeur”, analyse Audrey.

Audrey, Jérôme “Vankou” Damien (basse) et Hugo Claudel (batterie) ont élevé leur niveau de jeu.  Leur collaboration avec le méticuleux producteur Amaury Sauvé (It It Anita) se révèle aussi fructueuse. “Il nous a repoussés dans nos derniers retranchements et même au-delà. J’en ai même parfois chialé mais le résultat est là.” Confirmation avec Go Go Gadget, Around, le By The Sea déjà cité ou encore Spiders And Monkeys, qui s’imposent comme les grandes réussites de “Drift”. Le concert release des Nuits montrera un groupe complètement métamorphosé et une chanteuse dans l’attente d’un heureux événement. Que du bonheur…

Le 27/4, Les Nuits Botanique, Bruxelles.

*** Drift. Humpty Dumpty

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