
Thierry Coljon : "Je suis toujours passionné à l’idée de rencontrer de jeunes artistes"

Avez-vous été de ceux qui ont tout de suite remarqué le premier titre de Stromae, Alors, on danse?
Non. Mais j’ai eu la chance, en 2010, d’avoir une fille qui écoutait NRJ et qui avait donc entendu ce morceau. Elle se moquait de moi parce que je ne connaissais pas… Et puis, j’écoute le morceau, je me dis: “Pas mal, original, le type a l’air d’avoir tout compris”. Six mois plus tard, Universal m’en parle alors qu’un album allait sortir, je n’y connaissais pas grand-chose, mais ça m’intéressait de rencontrer ce gars - pour voir si on avait affaire à un “one hit artist” à la Plastic Bertrand ou s’il y avait quelque chose derrière, et notamment dans le ventre. Je lis les textes de l’album, et je trouve qu’ils sont fabuleux…
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Alors, on danse, chanson électro influencée par l’eurodance, ce n’est pas trop votre came…
C’est vrai, je ne m’y connais pas trop en électro, mais le fait qu’il chante en français m’a attiré. D’autant que le texte était hyper-noir et qu’il le chantait sur un rythme joyeux. Ça m’a conforté dans mon idée quand le Guardian a dit: “On a découvert le morceau le plus sombre de l’histoire de l’électro”.
Stromae n’a pas collaboré à la rédaction de votre livre. Pourquoi ça ne l’intéresse pas?
Je ne veux pas répondre à sa place, mais j’ai l’impression qu’il sait ce qu’il y a dans le livre puisqu’il l’a vécu…
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Il vous a dit être d’accord pour que vous écriviez sa biographie à condition qu’elle soit posthume…
Il m’a dit: “Tu feras ça très bien”, je lui ai répondu: “Mais j’ai le double de ton âge!” Une façon de botter en touche car ça ne l’intéresse vraiment pas.
En 2016, vous publiez un roman, Stromae est mort à New York. A-t-il apprécié?
Il n’a jamais réagi. Un journaliste français m’a dit qu’il lui avait posé la question et qu’il avait répondu ne pas l’avoir lu parce que ça parlait de la mort et qu’il n’aimait pas ça - alors que ses chansons en parlent beaucoup.
Vous êtes l’ami de Stromae?
Pas du tout.
Vous n’êtes jamais allé chez lui?
C’est quand il veut, mais non…
Depuis le temps que vous faites le job, quel artiste est devenu ami?
Salvatore Adamo. C’est le seul qui m’appelle pour me demander comment je vais. Jean-Luc Fonck m’a aussi prouvé en permanence son amitié…
L’artiste que vous avez le plus interviewé?
Ceux que je suis depuis le début: Étienne Daho, Stephan Eicher, Dominique A…
Vous avez encore des trucs à leur demander?
Oui, parce qu’ils continuent à être créatifs, mais je suis toujours passionné à l’idée de rencontrer de jeunes artistes.
L’artiste que vous n’avez pas aimé interviewer?
(Silence.) C’est arrivé une seule fois… Chrissie Hynde, la chanteuse des Pretenders… Elle était de très mauvaise humeur et ça s’est mal passé…
L’interview dont vous avez effacé l’enregistrement par mégarde?
Jimmy Cliff. On a parlé pendant une heure. Je réécoute et je m’aperçois que la bande n’avait pas démarré - c’était horrible… Quand c’est un artiste belge, on peut toujours le rappeler, mais Jimmy Cliff…
Accepteriez-vous que j’écrive votre biographie?
Je ne le mérite pas, mais pour s’amuser, ce serait drôle… Surtout avec vous…
Stromae. Les dessous d’un phénomène, Mardaga, 159 p.