
Retour à l'essentiel avec les Pixies à Forest National

On n'est pas compliqué. Frank Black et ses sbires non plus, ne sont pas là pour chichiter. De retour à Forest National, comme en 2019, avec un nouvel album sous le bras (Doggerel, le quatrième depuis leur reformation en 2004), les Pixies envoient du bois. Et enchaînent, façon Ramones. Caribou, Wave of Mutilation, Isla de Encenta et Monkey Gone To Heaven dans le premier quart d'heure. Allons-y gaiement !
Pas causant pour un sou, peu démonstratif, l'air détaché, sans même un lightshow, mais avec un son qui claque (comme quoi, c'est possible à Forest National!), le groupe de Boston revient comme il est parti. Les Pixies ont inventé les 90's. Ni plus ni moins. Mieux, TOUTES les chansons des deux premiers albums sont des tubes. Des pépites urgentes de 2 minutes 30 qui ont chacune leur hook, comme on dit aujourd'hui, ce petit plus qui accroche l'oreille : un gimmick vocal, une accélération rythmique, une déflagration de guitare inattendue... Trente-cinq ans plus tard, rien à redire, ça n'a pas pris une ride. Et on a même vu quelques têtes chevelues de 25-30 ans dodeliner de plaisir !
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Le temps qui passe n'a pas de prise
Evidemment, les moments dédiés aux derniers albums font quelque peu retomber la tension. C'est la dure loi du temps. On pourrait aussi chipoter, dire que la nouvelle bassiste (depuis dix ans, tout de même) Paz Lanchantin (qui a joué avec Billy Corgan dans Zwan et A Perfect Circle, le side-project du chanteur de Tool) n'a pas l'aura d'une Kim Deal. Pour le coup, on voit bien que le seul patron est Black Francis/Frank Black. Ca a sans doute coûté aux Pixies la domination de la planète à l'époque. Tout profit pour Nirvana qui s'est engouffré dans la brèche. Il n'empêche, aujourd'hui, ce sont bien les Pixies qu'on va voir en concert...
Passées ces quelques considérations ruminées durant le deuxième quart d'heure, le groupe enclenche la troisième avec Gouge Away, Vamos, Hey ou Cactus. La colle commence à fondre sur le bitume alors que Black Francis s'époumone. Sa voix n'a pas changé. Ses hurlements vous prennent par la peau des fesses. L'énergie est intacte. De son côté, Joey Santiago nous offre un solo de guitare avec son béret. Voilà. Ca, c'est fait.
Des chansons, mais quelles chansons !
Rebaisse de régime et ré-accélération. Les Pixies enchaîneront trente-cinq chansons durant une heure trois-quart et jusqu'au bout, on aura eu bon. Le fonds de catalogue est hallucinant. Nimrod's Son, la mélodie surf de Here Comes Your Man, Wave of Mutilation dans une version plus calme et Forest National s'illumine de mille lumières de smartphones tandis que...
STOP !
« With your feet in the air and your head on the ground... Try this trick and spin it, Yeah ! » ... Where is My Mind ? ou comment quatre accords et un refrain murmuré peuvent mettre tout le monde sur la même page. Un point de ralliement. Un instant partagé. Les mains levées, le gosier plein, le temps qui passe, les copains qui restent et ces chansons qui tiennent sur rien, défilent rapidement, mais durent une éternité. Quoi de mieux que ça ?