
Rone présente son impressionnant Room With a View : « J'avais envie de sens et de fond »
Dans un monde électro qui cultive le culte de l’hédonisme et de l’insouciance, Erwan Castex, alias Rone, s’est démarqué en 2020 avec Room With A View, véritable tournant dans son parcours. À partir d’une carte blanche proposée par le théâtre parisien du Châtelet, le producteur français a conçu ce cinquième album instrumental parallèlement à un spectacle de danse contemporaine avec un vrai message sociétal mis en scène et chorégraphié par le collectif (LA) Horde, accompagné par vingt danseurs du Ballet national de Marseille.
Après un triomphe en France, Rone présente A Room With A View en Belgique pour une dizaine de représentations. Tout est complet, les places sont recherchées comme le Graal sur l’application TicketSwap et la liste d’attente s’allonge. Un engouement justifié. Rone joue en live sur scène entouré de ce ballet hallucinant, les chorégraphies sont charnelles, violentes, jamais loin de la transe. Les corps évoluent chacun de leur côté, s’assemblent en couple, se séparent, se mélangent. Fille/garçon, garçon/garçon, fille/fille… Peu importe. C’est le collectif qui prime pour un final porteur d’espoir. “Pendant plus de dix ans, j’ai fait de la musique qui faisait rêver et danser. Je jouais dans des festivals ou des grands hangars devant des spectateurs debout qui levaient les bras. Avec cette initiative du Théâtre du Châtelet, j’ai la possibilité de me produire dans des théâtres devant un public assis. J’ai quarante ans, j’ai des enfants, j’ai peur pour leur avenir. J’avais envie de mettre tout ce questionnement dans le disque et le spectacle. J’avais envie de sens et de fond”, explique Erwan.
Room With A View évite le piège du projet intello ou tendance. Le spectateur peut se délecter des nappes électro bidouillées par Rone, il peut se concentrer sur les mouvements d’une danseuse en particulier, déchiffrer le message jamais moralisateur qui se cache derrière cette trame parfaitement tissée mais toujours imprévisible. Il est question de changement climatique, de monde qui va trop vite, de société de consommation, de meilleurs lendemains aussi. “Il n’y a pas de mots. C’est la musique et les corps qui dialoguent. Le discours est profond mais pas moralisateur du genre “on est les gentils et en face ce sont les méchants”. On fait tous partie du problème et l’idée, pas si naïve, c’est que le collectif finit toujours par l’emporter.”
Après son César pour la meilleure musique originale de film (La nuit venue de Frédéric Farrucci en 2020), compositeur de la B.O. des Olympiades de Jacques Audiard, Rone termine actuellement le soundtrack d’une série télévisée et commence déjà à réfléchir à un nouvel album studio.
Du 1er au 4/2, Théâtre National, Bruxelles.
Du 8 au 10/2, Le Vilar, LLN.
Le 14/2, Central, La Louvière.
Les 18 et 19/2, De Singel, Anvers.
Tout est complet mais liste d’attente.