Francofolies de Spa 2018 : le bilan

Pari réussi pour la nouvelle formule du festival où les générations d’artistes et de spectateurs se mélangent enfin.

© Gbarkz on Unsplash

Température caniculaire, un site plus fluide, une scène noire-jaune-rouge particulièrement mise en avant et des têtes d’affiche qui ont fait le job. Moustique vous fait le débrief de cette 25e édition des Francofolies qui se clôture ce dimanche avec les concerts de Vianney et de Henri PFR.

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Le nouveau site

Site entièrement réaménagé, un billet unique donnant accès à toutes les scènes, instauration d’un système cashless (paiement unique par puce électronique rechargeable via un distributeur)… Les Francofolies de Spa ont fait peau neuve  et tous ces changements logistiques ont été bien accueillis par le public. Certes, il y a encore quelques erreurs de jeunesse à corriger (la fluidité devant la grande scène Pierre Rapsat notamment), mais dans l’ensemble ce n’est que du positif et on laissera les adeptes du "c’était mieux avant" à leurs analyses conservatrices. Au total, ce sont quelque 25.000 visiteurs quotidiens qui ont assisté à cette vingt-cinquième édition du festival spadois décliné sur quatre jours (du jeudi 19 au dimanche 22 juillet) et sur cinq scènes. Mention spéciale pour la technique avec un son cinq étoiles sur les différents podiums. 

L’arrivée du hip-hop

Mieux vaut tard que jamais. Les Francofolies n’ont pas été les plus réactives sur l’émergence de la nouvelle scène hip-hop francophone, mais le tir a été enfin rectifié pour cette édition anniversaire. L’histoire retiendra que c’est en 2018 que la scène Pierre Rapsat a connu ses premiers pogos grâce à notre Roméo Elvis national. Et rien que pour ça, cette édition valait la peine d’être vécue. Un joli contraste avec le public qui a écouté religieusement Francis Cabrel le lendemain pour un set best of. Avec L’or du commun, La Smala, Todiefor ou encore Cabalero & JeanJass, les musiques urbaines étaient bien représentées à Spa. Rien que pour voir la tête des vip’s et des sponsors qui les invitent, on rêve de voir Damso sur la grande scène l’année prochaine. Ce n’est plus si utopique que ça.

Nos coups de cœur

Clara Luciani a triomphé lors de la journée inaugurale, mais ce n’est pas une surprise. On pourra la revoir le 15 août au Brussels Summer Festival, le 25 août aux Solidarités (Namur), le 14 septembre au Reflektor (Liège) et le 12 décembre au Botanique. Comme expliqué plus haut, Roméo Elvis a marqué l’histoire des Francos tandis que Lost Frequencies a offert au public spadois une vraie première en jouant en live avec des musiciens. Grand moment aussi avec Typh Barrow. Typh avait connu ses premières expériences aux Francos en se produisant dans les Bars en folie. Ce samedi, elle avait les honneurs de la grande scène Pierre Rapsat  et il y avait foule pour la voir. C’est mérité. On vous donne nos trois coup de cœur.

Jérôme Mardaga

C’est bien sûr subjectif, mais pour nous, voilà le meilleur concert de cette édition. L’ex-Jeronimo a livré une prestation sans concession vendredi soir sur la scène Trace. Électrique, urgente, interpellante et d’une densité rare. Avec son dernier album solo "Raid Aérien" paru au printemps dernier, le guitariste liégeois renoue avec la cold-wave des années 80, les climats post-rock et les ambiances cauchemardesques telles que nous les servaient The Cure avec "Pornography" (1982) ou Killing Joke avec "What’s This For" (1981). En formule trio  -avec la basse claquante de Gaëtan Streel - et des projections en noir et blanc, Jérôme Mardaga a apporté une caution rock alternatif aux Francos. Son adaptation, en rappel, de David Bowie (I’m Afraid of Americans devenu J’ai peur des Américains) sous un déluge de lumières blanches et de notes tendues de guitare électrique a marqué les esprits. Un grand moment et une résurrection pour un artiste doué que certains ont trop vite enterré. Écoutez son album.

Lubiana et sa cora

En marge du festival, la jeune auteure-compositrice-interprète belgo-camerounaise a livré un showcase émouvant dans la bien nommée Cabane des Pros. Après plusieurs virages dans son apprentissage difficile, Lubiana nous revient métamorphosée avec le single Feeling low et la découverte de la cora, cet instrument traditionnel d’Afrique de l’Ouest pourtant réservé aux griots. Coupe afro et regard de jade, Lubiana met son métissage au service de sa quête artistique. Elle prend le temps d’introduire chacune de ses chansons avec beaucoup d’émotion et n’hésite pas à faire chanter l’assistance. Douce, apaisante et vertueuse, sa musique plonge dans ses racines africaines et parle d’espoir. L’année prochaine, avec un album dans les bras, on veut la voir dans la programmation officielle.

Soldout

Clap de fin pour le roi de l'électro. Avant de donner son dernier concert sous le nom Soldout le 11 décembre prochain à l’Ancienne Belgique, Charlotte et David ont fait des adieux émouvants au public spadois. Un concert en crescendo, impressionnant visuellement et brut dans son énergie. Ce sera une belle fête à l’Ancienne Belgique.

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