Augmentation de la TVA sur le livre : l'avis tranché de Bénédicte Linard

La ministre de la Culture Bénédicte Linard ne veut pas d'une hausse de la TVA sur le livre. Les libraires indépendants non plus.

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Dans le cadre d'une réforme de la fiscalité, le gouvernement fédéral entend diminuer les impôts sur le travail, mais augmenter la fiscalité sur le patrimoine ainsi que la consommation. Dans ce cadre, une augmentation de la TVA sur le livre de 6 à 9% est envisagée. Une proposition qui ne plait pas du tout à la ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles, Bénédicte Linard (Ecolo). Elle s'est dit mardi opposée à cette augmentation de la TVA sur le livre envisagée par la majorité fédérale, où siègent également les écologistes.

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"Je suis tout à fait opposée à ce projet, qui serait très dommageable pour les lectrices et les lecteurs, les librairies indépendantes et pour le marché du livre francophone en général au vu de sa proximité avec le marché français où le taux de TVA applicable est de 5,5%", a souligné la ministre interrogée mardi en commission du Parlement par plusieurs députés. Pour rendre la lecture et les livres plus accessibles au public le plus large possible, il est "évident que le prix du livre ne doit pas augmenter", a insisté Mme Linard.

Les trois ministres de la Culture du pays ainsi que les ministres-présidents des trois Communautés ont d'ailleurs adressé récemment un courrier au ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) pour exprimer leur opposition au projet.

Les libraires indépendants inquiets

Les libraires indépendants s'opposent logiquement, eux aussi, à cette augmentation de la TVA. Ce samedi 15 avril, à l'occasion de la fête de la librairie indépendante, ils tâcheront de faire valoir, "encore et toujours", "l’exceptionnalité du livre, en tant que produit culturel à protéger et la nécessité de défendre nos librairies, lieu par excellence de l’expression démocratique". Ce sera l'occasion, partout en Belgique francophone, de célébrer l'amour des livres, en offrant notamment un livre et une fleur en graine, en pot ou en tige dans la continuité de la tradition catalane de la Sant Jordi. "Ne l’oublions pas, le livre est un bien de première importance pour l’éducation de nos jeunes et l’émancipation de chacun. Il peut donc prétendre sans rougir, à une TVA réduite comme les médicaments ou les fruits et légumes !"

Xavier Delville, président de Prodipresse, l’organisation professionnelle des libraires indépendants francophones de Belgique, lance également un cri d'alerte face à la catastrophe que serait une hausse de la TVA à 9%. "Le prix des ventes d’un même livre en Belgique et en France sont déjà différents puisque la France pratique une TVA à 5,5 % sur les livres, expliquait-il récemment à nos confrères de la DH. Dans les faits, cela signifie que le libraire belge qui vend un livre imprimé en France perd de l’argent. Il doit en effet rétribuer 6 % de TVA à l’État alors qu’il n’en perçoit que 5,5 % lors de la vente." Avec un passage de 6 à 9%, la différence de prix entre un même livre vendu en France et en Belgique pourrait exploser. Concrètement, un livre vendu à 15 € en France devrait l’être à 15,50 € en Belgique. "Si vous prenez un lecteur qui lit un ouvrage ou plus par semaine, vous arrivez à une différence de 25 € par an ou plus, calcule Xavier Delville. Résultat : certains pourraient être tentés, lors de passages en France, d’y faire leur stock de livres pour les prochains mois aux dépens des librairies belges. Idem pour les frontaliers qui y verraient une raison de plus d’aller faire leurs courses en France." 

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