Polémique autour de la réécriture des livres pour enfants de Roald Dahl

L'éditeur de l'auteur britannique entend expurger ses œuvres de tout ce qui pourrait paraître offensant. Des références à certains sujets comme le poids, la santé mentale ou les questions raciales, seront modifiées.

CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE
© WARNER BROS

Augustus Bloop, connu pour son appétit sans fin et décrit comme «gros» par Roald Dahl dans Charlie et la Chocolaterie, sera désormais «énorme». Commère Gredin, qualifiée d’«hideuse et malpropre» dans Les Deux Gredins, ne sera plus que «malpropre». Les nouvelles éditions des livres de l’auteur pour enfant Roald Dahl vont être modifiées, pour supprimer le vocabulaire qui pourrait être considéré comme offensant.

Les références au poids, à la santé mentale, à la violence, ou aux questions raciales ou de genre vont être réécrites, a expliqué le quotidien Daily Telegraph. D’autres exemples (en plus de ceux donné ci-dessus) de cette révision de l’œuvre de l’écrivain britannique : les «hommes nuages» de James et la pêche géante deviendront le «peuple nuage».

«Roald Dahl n’était pas un ange, mais...»

Dans l’édition anglaise de Charlie et la Chocolaterie, on ne pourra pas non plus lire la phrase «Charlie experienced a queer sense of danger» («Charlie ressentit une curieuse impression de danger»), puisqu’elle sera remplacée en «Charlie experienced a strange sense of danger». Le mot «queer», polysémique, qui peut également désigner des personnes LGBTQIUA+, a sans doute dû paraître stigmatisant en étant associé au mot «danger» dans la phrase.

Ces changements seront «réduits et soigneusement réfléchis», a garanti un porte-parole de la Roald Dahl Story Company. Des changements qui font toutefois polémique, de l’autre côté de la Manche. «Roald Dahl n’était pas un ange», a réagi sur Twitter l’écrivain Salman Rushdie.

Mais pour cette icône de la liberté d’expression, victime d’une violente agression il y a six mois, «c’est de la censure absurde». «Puffin Books [la maison d’édition, ndlr] et la «Dahl» Company devraient «avoir honte», a jugé Salman Rushdie. «Si Dahl nous offense, ne le réimprimons pas», a soufflé l’écrivain Philip Pullman (Les Royaumes du Nord) lundi sur la BBC.

 

 

Même le Premier ministre Sunak s'en mêle

La patronne de PEN America, Suzanne Nossel, organisation rassemblant 7.000 écrivains pour la liberté d’expression, a quant à elle déclaré que «l’édition sélective pour faire que les mots de la littérature se conforment à des sensibilités particulières pourrait représenter une arme nouvelle dangereuse». Même le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, s’en est mêlé, par l’entremise de son porte-parole : les mots doivent être «préservés» plutôt que «retouchés», s’est-il positionné.

La Roald Dahl Story Company a dit avoir travaillé avec Inclusive Minds, un collectif qui milite pour l’inclusion et l’accessibilité de la littérature pour enfants. Le passage en revue a été lancé en 2020, en prélude du rachat en 2021 par Netflix du catalogue de l’auteur pour enfants.

 

 

Fin 2020, la famille de Roald Dahl avait présenté des excuses pour les propos tenus par l’auteur il y a quarante ans. En 1983, dans une interview au magazine britannique New Statesman, Dahl avait légitimé l’antisémitisme et semblait trouver des justifications à Hitler. Roald Dahl est mort en 1990, à l’âge de 74 ans.

 

 

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