"Beau Is Afraid" avec encore un incroyable Joaquin Phoenix qui livre une facette inattendue de son immense talent de caméléon

Joaquin Phoenix semble se réinventer à chacun de ses rôles, comme dans Beau Is Afraid d’Ari Aster et bientôt dans la suite du Joker aux côtés de Lady Gaga.

 Beau Is Afraid  avec encore un incroyable Joaquin Phoenix qui livre une facette inattendue de son immense talent de caméléon
Joaquin Phoenix Photo Credit: Takashi Seida © Mommy Knows Best LLC BEAU IS AFRAID réal. : Ari Aster. int. : Joaquin Phoenix, Nathan Lane, Patti LuPone, Amy Ryan, Denis Ménochet. pays : Canada, États-Unis. durée : 2 h 49. dist. : ARP Sélection Sortie en salle le 26 avril 2023

Dans la grande famille des acteurs et actrices qui ne lésinent pas sur les transformations physiques, voire mentales, pour entrer dans la peau d’un personnage - famille qui peut s’enorgueillir de compter dans ses rangs des noms aussi prestigieux que ceux de Philip Seymour Hoffman, Cate Blanchett, Christian Bale, Jared Leto ou Tilda Swinton -, Joaquin Phoenix apparaît comme le plus insaisissable. Pas seulement parce qu’il entretient des rapports de force avec l’industrie du cinéma mais aussi parce que son appétence semble insatiable pour des rôles qui le poussent dans de nouveaux retranchements.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Ses métamorphoses ont de quoi impressionner. Qu’ont en commun le vétéran alcoolique et violent de The Master de Paul Thomas Anderson, le tueur à gages de A Beautiful Day de Lynne Ramsay qui lui vaut le Prix d’interprétation à Cannes en 2017, le Napoléon de Ridley Scott (sortie prévue en novembre 2023) ou ce Beau Wasserman qu’il incarne dans le film fleuve d’Ari Aster, réalisateur des terrifiants Hérédité et Midsommar? Et surtout quels critères président à ses choix de personnages si différents?

À la différence de ses collègues qui tracent leur route dans le cinéma indé tout en flirtant avec des blockbusters lucratifs, Phoenix donne à tous ses choix une dimension plus radicale. Même lorsqu’il s’inscrit dans une logique de franchise, il le fait à sa manière, inversant les pôles du bien et du mal, transformant le clown psychopathe du Joker de Todd Phillips en une victime d’un système broyant les plus faibles et transformant l’essai par une vingtaine de prix d’interprétation dont un Oscar et un Golden Globe.

À bientôt 50 ans, Joachim Phoenix nous surprend à nouveau en incarnant un homme fragile et parano, un enfant terrorisé par le monde qui l’entoure. À chaque fois qu’il quitte son immeuble miteux pour affronter la violence de la rue, c’est comme s’il sortait du ventre de sa mère. La comparaison n’est pas anodine. Beau Is Afraid est l’histoire d’un homme célibataire (sans doute puceau?) qui entretient une relation toxique avec une mère qui a effacé toute présence paternelle de son existence. Le voyage qu’il entreprend pour lui rendre visite sera entravé par une foule de circonstances qui vont transformer son odyssée en cauchemar, et le film en un conte baroque et onirique à la symbolique psychanalytique un peu lourde. Mais qu’à cela ne tienne. Ce film trop long est porté de bout en bout par un acteur qui nous livre une facette inattendue de son immense talent de caméléon.

Beau is Afraid

JJ

Réalisé par Ari Aster avec Joaquin Phoenix, Patti LuPone, Amy Ryan, Nathan Lane, Denis Ménochet.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité