Toute la beauté et le sang versé, sublime documentaire sur l'immense photographe Nan Goldin

Vibrant portrait de la photographe américaine, Toute la beauté et le sang versé est un pur chef-d’œuvre, Lion d’or à Venise.

Toute la beauté et le sang versé
© Prod.

Dans les années 1980, Nan Goldin a travaillé à une série intitulée La ballade de la dépendance sexuelle, devenue un symbole de la contre-culture, mettant en scène la communauté queer new-yorkaise (et sa propre vie sexuelle), jusqu’ici invisible dans les galeries d’art. Le documentaire de Laura Poitras plonge tout d’abord dans la fabrique du regard de Nan Goldin au prisme de sa mémoire meurtrie. Ressurgissent ainsi son enfance suffocante dans le New Jersey, la perte originelle de sa sœur Barbara (qui se suicide à l’âge de dix-huit ans lorsqu’elle se découvre lesbienne), les amitiés fondatrices, l’expérience de la prostitution et de la drogue, la vie underground au Tin Pan Alley à Times Square (un bar new-yorkais alors tenu uniquement par des femmes), les amours toxiques et celles qui nous sauvent, restituant l’héritage blessé d’une communauté décimée par les années sida.

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Le film entremêle à cette mémoire l’actuel combat de Nan contre l’addiction aux opiacés et le procès qu’elle a mené avec l’association PAIN contre la famille Sackler, mécène de lieux culturels majeurs (Guggenheim, Louvre, Met…) et responsable de la crise des opiacés aux États-Unis qui aurait fait 500.000 morts par overdose entre 1999 et 2019. D’une empathie extraordinaire, le film est un hommage à la marginalité comme résistance, à ceux qui fuient le rêve américain ou qui y survivent, “par-delà les regrets inextinguibles”.


**** Réalisé par Laura Poitras. Avec Nan Goldin, Cookie Mueller - 177’.

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