Dalva, Sage-Homme, John Wick 4... Les films à ne pas manquer (ou à éviter) au cinéma

La rédaction a sélectionné pour vous les nouveaux films à ne pas manquer... ou à éviter cette semaine au cinéma.

Dalva
© Prod.

Dalva ****

Pour présenter son film, elle dit trois mots: “émancipation, reconstruction, résilience”. Le mot “inceste”, elle ne le prononce pas. Dalva, premier long-métrage d’Emmanuelle Nicot (prix de la critique à Cannes, multiprimé depuis), s’ouvre sur ce qui vient après l’abus. On y entre comme par effraction et à hauteur d’enfant, lorsque les policiers retirent Dalva, 12 ans, à son père avec qui elle vit en vase clos, habillée comme une petite femme. En découvrant le regard frondeur de la toute jeune fille (fascinante Zelda Samson), on pense à Romy Schneider, à La petite de Louis Malle avec Brooke Shields ou à Baby Doll d’Elia Kazan.

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Le film nous interroge: comment dénoncer l’abus d’une enfant sans la sexualiser? Jusqu’où peut-on aller pour être aimée? La mise en scène révèle des comédiens authentiques - Alexis Manenti découvert dans Les misérables, ici à contre-emploi en éducateur à la tendresse rugueuse et la jeune Fanta Guirassy en amie initiatrice. Gracieux, frontal, Dalva déconstruit toutes les emprises à mesure que son héroïne se défait de l’étau paternel et nous emmène vers la renaissance. - J.G.

Retrouvez notre interview d'Emmanuelle Nicot : "Ce moment très particulier du placement dans un foyer"


Réalisé par Emmanuelle Nicot. Avec Zelda Samson, Alexis Manenti - 85’.

Cinema Pameer ****

L'ombre des talibans et de Daesh plane sur l’Afghanistan. Pour les fous de dieu, le cinéma est un péché. Il n’y a que deux ou trois cinémas dans le pays. Dont le Cinema Pameer, dirigé d’une main de fer par le “Général” : fouille à l’entrée avant, surveillance des spectateurs pendant. Amer, le ­“Général” estime qu’un pays qui a connu la guerre pendant 40 ans fabrique des générations perdues. “Des incultes.” Ce modéré prend le risque de ­projeter le film inspiré par le lynchage de Farkhunda Malikzada en 2015, soupçonnée d’avoir brûlé le Coran. Dans la salle du Pameer, il n’y a pas de femmes. Les films sont tous passés par la censure, on coupe les scènes trop suggestives. Mais pour ce résistant à la barbarie, le cinéma reste une arme. Si Sam Mendes avait tourné Empire Of Light en Afghanistan, son film s’appellerait Cinema Pameer. - E.R.


Réalisé par Martin von Krogh - 80’.

Sage-Homme ***

Léopold rate son concours d’entrée en médecine et choisit, en désespoir de cause, la maïeutique. Il devient le seul homme à intégrer une école de sages-femmes, en faisant croire à son père et à ses amis qu’il est en route pour devenir le premier médecin de la cité. La suite de l’histoire est un peu téléphonée mais l’important n’est pas là. Grâce à Nathalie alias Karin Viard (qui n’a pas sa langue dans sa poche), il va découvrir un métier et des gens formidables.

Jennifer Devoldère (Et soudain tout le monde me manque en 2011) profite de cette histoire pour défendre un personnel hospitalier bousculé par la réalité quotidienne mais aussi par une hiérarchie qui ne pense qu’en termes d’économie et de protocole. Comme dans un accouchement où drame et bonheur peuvent se côtoyer de manière exacerbée, le film nous fait passer par des hauts et des bas émotionnels, sous-tendu par des dialogues qui évitent les échanges convenus. La scène où une mère veut absolument accoucher sur du Lara Fabian est d’anthologie. - E.R.


Réalisé par Jennifer Devoldère. Avec Melvin Boomer, Karin Viard, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas - 106’.

John Wick 4 ***

John Wick est de retour pour un quatrième volet, toujours aussi violent, jouissif et visuellement bluffant. Cette fois, le tueur à gages interprété par Keanu Reeves a une chance d’échapper une fois pour toutes à la Grande Table, cette confrérie d’assassins à sa poursuite depuis le premier film, sorti en 2014. L’occasion pour le réalisateur Chad Stahelski, lui-même ancien cascadeur, de proposer (pour la dernière fois?) des scènes d’actions toujours plus folles et réussies. Que ce soit dans un club berlinois, ou en voiture autour de l’Arc de Triomphe, Stahelski et ses équipes rivalisent d’inventivité afin que la franchise ne se repose jamais sur ses lauriers. Un pari relevé haut la main, tant le film impressionne par sa virtuosité et fascine par sa capacité à se renouveler sans décevoir les fans. - A.M.


Réalisé par Chad Stahelski. Avec Keanu Reeves, Donnie Yen - 169’.

Sur les chemins noirs ** 

Échapper à l’époque et à ses propres démons en parcourant les chemins de la diagonale du vide en France, c’était l’ambition de l’écrivain et voyageur Sylvain Tesson lorsqu’il publie Sur les chemins noirs en 2016 après un accident où il a failli laisser sa peau. “À chaque fois qu’on lit un roman de Tesson on a l’impression qu’il marche avec nous, mais ici je me suis aussi éloigné de lui. Dans ce film, j’ai mis mes tourments, j’ai fait mes chemins noirs, avec un personnage qui n’est ni lui ni moi, et qui devait avant tout ressentir son idée de la mort, de l’amour et de la ruralité dans une nature réparatrice. J’ai traversé tout ça, la France comme la douleur morale”, résume Jean Dujardin. Si au départ on tiquait un peu à l’idée de voir l’acteur battant la campagne en chemise blanche et gilet de soie (“c’est plus romantique”, précise-t-il), on se laisse peu à peu porter par son charme très incarné, sa rudesse quasi géographique. “J’aime me retrouver et marcher seul, je connais les bienfaits de la chlorophylle même deux heures dans un parc, ou trois jours dans un GR. J’ai adoré le bruit des cailloux différents selon le sol, qu’il soit calcaire, schiste ou sable, j’ai aimé le vent dans le Mercantour, la pluie drue à Séguret, traverser des régions très enveloppantes ou très hostiles, des villages chaleureux ou totalement esseulés, c’est tout ça que je traverse avec compassion.” Et le regard un peu surplombant du départ s’efface à mesure que le film de Denis Imbert se rapproche de son sujet: la renaissance d’un homme au monde, par les chemins et par le compagnonnage. - J.G.


** Réalisé par Denis Imbert. Avec Jean Dujardin, Izïa Higelin, Anny Duperey, Dylan Robert - 90’.

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