
The Son, Creed III, Les petites victoires... Les films à ne pas manquer (ou à éviter) au cinéma

The Son
Souvenirs de vacances en Corse: Peter (Hugh Jackman) apprend à nager à son fils Nicholas. Ce geste, c’est un peu comme lui apprendre une forme d’indépendance. Bonheur lointain. Dix ans plus tard, les parents de Nicholas ont divorcé et l’adolescent se noie dans un profond mal de vivre. Il vit chez sa mère (Laura Dern) qui ne s’en sort plus. Cela fait des semaines que le jeune homme ne va plus à l’école. Il emménage chez son père dont la nouvelle compagne va bientôt donner naissance à son second enfant. Des promesses vont être faites, de redresser la barre, de se reprendre, de retourner au cours. Qui ne seront pas tenues. Pire, Peter découvre un couteau sous l’oreiller de son fils. Et des scarifications sur ses bras. Florian Zeller a écrit Le fils pour le théâtre et l’a créé en 2018 avec Yvan Attal. The Son est aujourd’hui son deuxième long-métrage, adapté par Christopher Hampton.
Zeller y explore toutes les questions que la dépression d’un adolescent autodestructeur pose à ses proches mais aussi à la société entière. Le récit qu’il fait du désarroi des parents qui se sentent démunis puis coupables d’avoir peut-être “mal fait” renvoie à ces histoires qui traversent parfois le fil de nos vies. Il réussit, comme dans The Father, à transposer l’émotion théâtrale en une émotion cinématographique qui n’est jamais ni facile ni complaisante. Dans le rôle du fils qui s’enfonce irrémédiablement dans les abysses, Zen McGrath est juste et poignant. L’apparition d’Anthony Hopkins en grand-père cynique vaut son pesant d’or.
*** Réalisé par Florian Zeller. Avec Hugh Jackman, Laura Dern, Zen McGrath, Anthony Hopkins - 123’.
Creed III
Adonis Creed se repose. Sa carrière est derrière lui. Tout comme son heure de gloire. Alors qu’il entraîne le nouveau champion du monde des poids lourds, l’ancienne star de la boxe reçoit la visite de Damien Anderson. Cette vieille connaissance, qui appartient à son passé sombre, a passé 18 ans en prison et va se servir de lui pour être champion à la place du champion. Par amitié, mais aussi pour honorer une sorte de dette qui les lie depuis leur adolescence, Adonis Creed accepte de l’aider contre l’avis de l’ensemble de son entourage. Il découvrira rapidement qu’on lui a tendu un piège.
Après Creed, l’héritage de Rocky Balboa (2015) et Creed 2 (2018), ce troisième volet est le premier réalisé par le comédien qui l’incarne à l’écran mais aussi le premier dont Stallone est absent, ce qui ne semble pas lui faire un immense plaisir. C’est enfin la première fois que Michael B. Jordan, qui s’est aussi illustré dans Black Panther et Space Jam Nouvelle Ère passe derrière la caméra. Que résulte-t-il de toutes ces premières fois ? Une immense impression de déjà vu. Si l’on est d’accord pour affirmer que les scénarios des films de boxe doivent immanquablement conduire à des scènes de ring, on peut aussi regretter que les méandres qu’emprunte ce récit pour aboutir à l’affrontement entre les deux frères devenus ennemis sont tortueux, invraisemblables et parfois inutiles. La réalisation des combats proprement dits n’apporte rien de neuf, sinon dans le round décisif, celui où présent et passé s’affrontent, qui réserve la seule bonne surprise « graphique » du film.
Creed 3 n’est jamais qu’une variation du classique Ben Hur qui se termine par la célèbre course de chars. Là où les héros romains avaient un certain panache, ceux de Creed 3 préfèrent le bling bling, les costumes et les lunettes de luxe et voir leur image associée à des marques de haute couture. Autre temps…
** Réalisé par et avec Michael B. Jordan. Avec Tessa Thompson, Jonathan Majors, Wood Harris... - 117'
Les petites victoires
Alice (Julia Piaton) est la jeune mairesse de Kerguen, village breton de 400 habitants auxquels elle consacre l’essentiel de son temps. En plus d’être la maîtresse de la (toute) petite école, cette célibataire doit s’occuper de réparer aussi bien les nids-de-poule que les hanches de vieux administrés. Comme dans tous les villages, il y a un emmerdeur. Émile (Michel Blanc) a perdu son frère depuis six mois et ne sait ni lire ni écrire. Quand elle l’apprend, Alice va intégrer le sexagénaire dans sa classe. Prix du jury et du public au Festival du film de comédie de l’Alpe-d’Huez, ce deuxième long-métrage de la Bretonne Mélanie Auffret risque d’être trop vite classé comme une chronique de province. Certes, Les petites victoires met en lumière l’esprit de résistance d’une communauté, mais ce film prône aussi la nécessité de sortir de son “périmètre de sécurité”. Malgré une facture très classique, la confrontation puis la complicité entre les mômes et Michel Blanc constituent une des réussites de ce film.
** Réalisé par Mélanie Auffret. Avec Julia Piaton, Michel Blanc, Lionel Abelanski, Marie Bunel - 90’.