
Retour à Séoul, le voyage hypnotique d’une jeune femme à la recherche de ses origines

Parfois des personnages intenses surgissent dans le paysage cinématographique et dépassent l’écran. Freddie est de ceux-là, magnifiquement incarnée par la viscérale Park Ji-min, jeune plasticienne qui a elle-même connu le déracinement (née en Corée elle est arrivée à Paris à neuf ans avec ses parents artistes). Après un vol annulé vers Tokyo, Freddie décide de partir impulsivement à Séoul, et débute pour elle un voyage de presque dix ans qui explore le “trou noir de ses origines”, selon Davy Chou, cinéaste franco-cambodgien qu’on a pu rencontrer aux journées Unifrance à Paris. Débarque sous nos yeux une héroïne en guerre, autodestructrice et provocatrice, à la recherche d’une réconciliation intime que nous raconte son réalisateur: “J’ai voulu me détacher des fictions réconciliatrices un peu dangereuses autour de l’adoption. Freddie refuse ce mensonge-là. On est parti d’un personnage hors norme qui met le chaos un peu partout, un personnage mal aimable qui peut aussi être libérateur pour le spectateur”. Il en ressort un film comme un voyage intérieur, influencé par le cinéma coréen de Hong Sang-soo comme par le cinéma new-yorkais qui explore la ville comme un paysage mental.
*** Réalisé par Davy Chou. Avec Park Ji-min, Yoann Zimmer, Louis-Do de Lencquesaing - 119’.