
Astérix et Obélix, Aftersun, La Ligne... Les films à ne pas manquer (ou à éviter) au cinéma

Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu
La princesse Fu Yi traverse les océans pour demander de l’aide aux valeureux Gaulois afin de libérer sa mère, l’impératrice de Chine, victime d’un coup d’État. Nos amis acceptent et c’est le début d’une grande aventure ponctuée de combats sur terre, sur les mers mais aussi dans les airs! Si ce nouvel Astérix lorgne sur l’humour distillé par Alain Chabat dans Mission Cléopâtre, il ne réussit pas à l’égaler, malgré quelques bonnes pistes comme la décision d’Astérix de manger moins gras et de ne plus prendre de potion magique parce qu’on ne sait pas vraiment ce qu’il y a dedans! La mention spéciale de cet Empire échoit à Gilles Lellouche qui, contre toute attente, campe un Obélix aussi touchant que convaincant. - E.R.
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** Réalisé par et avec Guillaume Canet, et Gilles Lellouche, Jonathan Cohen, Marion Cotillard - 111’.
Aftersun
Sophie, une jeune trentenaire, se remémore avec mélancolie les vacances d’été passées avec son père Calum en Turquie, vingt ans auparavant, alors qu’elle n’avait que 11 ans. Tous deux avaient filmé une partie de ces moments apparemment heureux. Aujourd’hui, Sophie revisionne ces images, consciente d’assister au spectacle d’un bonheur finissant.
Pour son premier long métrage, l’Écossaise Charlotte Wells a frappé fort et juste, puisant dans ses propres souvenirs avec son papa pour composer ce récit plein de délicatesse sur la fin de l’insouciance. Le recours aux films de vacances ne tient d’ailleurs pas du hasard, comme elle l’explique à Moustique depuis New York où elle réside: “La seule vidéo que j’ai avec mon père est celle où on est autour d’une table en train de jouer aux échecs, mais le cadrage fait qu’on ne voit jamais nos visages”. De même qu’elle reste discrète sur le manque qu’on devine d’un père trop tôt disparu, la réalisatrice n’en dit pas trop sur ses personnages: “J’ai voulu que les spectateurs apportent leur propre vécu au cinéma pour compléter l’histoire, avec l’espoir que le sentiment ultime que le film exprime - le chagrin de la perte, mais aussi l’amour - se ferait d’autant mieux sentir”. Et aux côtés de l’excellent comédien Paul Mescal (révélation de la série Normal People), la jeune Frankie Corio, choisie parmi 1.800 enfants, crève l’écran pour former un superbe duo père-fille. Grande admiratrice de Chantal Akerman, Charlotte Wells a déjà conquis la Semaine de la critique cannoise l’an dernier, en y décrochant le prix du jury. Et vient à présent conquérir nos salles et nos cœurs. - O.C.
*** Réalisé par Charlotte Wells. Avec Frankie Corio, Paul Mescal - 102’.
La Ligne
Une ligne peinte en bleu sur le sol trace un cercle d’un rayon de 100 mètres autour de la maison de Christina (Valeria Bruni Tedeschi). Sa fille Margaret (Stéphanie Blanchoud) a été condamnée à cette mesure d’éloignement pour l’avoir violemment agressée et rendue sourde d’une oreille. Après Home (2008) et L’enfant d’en haut (2012), Ursula Meier poursuit son exploration des liens familiaux en osant aborder un tabou plutôt rare au cinéma. “Pourquoi ne pas montrer un personnage féminin qui se bat comme un mec?, s’interroge la cinéaste. Avec Stéphanie, on a longtemps écrit sans vouloir expliquer la violence de ce personnage, comme on le ferait avec un personnage masculin. Pourquoi l’expliquer plus quand c’est une femme que quand il s’agit d’un homme? Et puis, on s’est posé la question de l’origine de la violence et très naturellement on est allées vers le milieu familial.” Et plus particulièrement vers une mère qui est passée à côté d’une carrière de pianiste et qui en fait porter la responsabilité à ses trois filles.
L’autre “tabou” du film est cette mère toxique incarnée par une Valeria Bruni Tedeschi particulièrement inspirée. “C’est une immense actrice, nous confie Stéphanie Blanchoud. Hors champ, elle m’envoyait des horreurs pour que j’aie envie de la défoncer. Face à elle, on ne peut pas se planter.” Rien ne sonne faux dans ce film qui interroge la complexité des liens familiaux. “Faire des films, c’est une manière de comprendre, reconnaît Ursula Meier. La famille aujourd’hui, c’est un rempart. Et en même temps dans les familles, il y a tellement de névroses. C’est à la fois ce qui nous rassure et peut nous détruire.” - E.R.
*** Réalisé par Ursula Meier. Avec Stéphanie Blanchoud, Valeria Bruni Tedeschi, Benjamin Biolay - 103’.
Un petit frère
Voilà un film qui aurait pu aussi s’appeler Une mère, tant il raconte le parcours atypique de Rose (formidable Annabelle Lengronne), jeune femme sénégalaise arrivée en France avec ses deux plus jeunes fils dans les années 1980 et qui ne s’est jamais conformée aux injonctions sociales. Inspirée par le parcours de la mère de son compagnon (« le petit frère du film »), la réalisatrice Léonor Serraille (Jeune femme, Caméra d’or au Festival de Cannes 2017) dresse le portrait d’une femme confrontée à l’échec social et à la douleur de l’exil, mais dont le parcours libre (notamment avec les hommes) conduit en creux à l’émancipation intellectuelle de son fils Ernest, devenu professeur de Français. «Mon film est une fiction qui répare. J’ai eu envie de mettre en scène des personnages qu’on ne regarde pas, mais qui font partie de la France. Rose n’est pas une sainte, pas une mère modèle. Ce qui m’intéresse c’est comment les gens se construisent», résume la cinéaste. Il en ressort un film douloureux et beau sur la famille, ce «territoire de secrets, de choses qui n’arrivent pas à se dire et qu’on ne choisit pas», et qui vous habitent pour la vie. - J.G.
*** Réalisé par Léonor Serraille. Avec Annabelle Lengronne, Stéphane Bak - 116’.
Knock At The Cabin
Seriez-vous prêt à vous sacrifier pour sauver l’humanité? Pas seulement trier ses déchets ou choisir une alternative à la bagnole, mais vraiment mourir pour les autres. Quatre individus entrent par effraction dans la maison de vacances d’Eric, Andrew et de leur fille Wen et leur demandent de sacrifier un des membres de leur petite famille pour sauver la planète. Chacun de leur refus aura pour conséquence l’exécution d’un des intrus par ses complices et la disparition d’une grande partie de la population mondiale. M. Night Shyamalan décline une fois de plus son obsession de la fin du monde. Même si le scénario de Knock At The Cabin est l’adaptation d’un roman, il tombe dans ses travers habituels: partir d’une bonne idée et ne pas en profiter à fond. Ainsi son dernier film ne fonctionne que sur un seul enjeu, que les plus pointilleux trouveront sans doute un peu trop tourné vers les saintes Écritures. - E.R.
** Réalisé par M. Night Shyamalan. Avec Ben Aldridge, Dave Bautista, Jonathan Groff, Rupert Grint - 80’.