
La ligne, un drame familial qui aborde un tabou rare au cinéma

Une ligne peinte en bleu sur le sol trace un cercle d’un rayon de 100 mètres autour de la maison de Christina (Valeria Bruni Tedeschi). Sa fille Margaret (Stéphanie Blanchoud) a été condamnée à cette mesure d’éloignement pour l’avoir violemment agressée et rendue sourde d’une oreille. Après Home (2008) et L’enfant d’en haut (2012), Ursula Meier poursuit son exploration des liens familiaux en osant aborder un tabou plutôt rare au cinéma. “Pourquoi ne pas montrer un personnage féminin qui se bat comme un mec?, s’interroge la cinéaste. Avec Stéphanie, on a longtemps écrit sans vouloir expliquer la violence de ce personnage, comme on le ferait avec un personnage masculin. Pourquoi l’expliquer plus quand c’est une femme que quand il s’agit d’un homme? Et puis, on s’est posé la question de l’origine de la violence et très naturellement on est allées vers le milieu familial.” Et plus particulièrement vers une mère qui est passée à côté d’une carrière de pianiste et qui en fait porter la responsabilité à ses trois filles.
L’autre “tabou” du film est cette mère toxique incarnée par une Valeria Bruni Tedeschi particulièrement inspirée. “C’est une immense actrice, nous confie Stéphanie Blanchoud. Hors champ, elle m’envoyait des horreurs pour que j’aie envie de la défoncer. Face à elle, on ne peut pas se planter.” Rien ne sonne faux dans ce film qui interroge la complexité des liens familiaux. “Faire des films, c’est une manière de comprendre, reconnaît Ursula Meier. La famille aujourd’hui, c’est un rempart. Et en même temps dans les familles, il y a tellement de névroses. C’est à la fois ce qui nous rassure et peut nous détruire.”
*** Réalisé par Ursula Meier. Avec Stéphanie Blanchoud, Valeria Bruni Tedeschi, Benjamin Biolay - 103’.