La petite bande, The Fabelmans, Un amour de cochon... Les films à ne pas manquer au cinéma pendant les vacances

Pierre Salvadori
Pierre Salvadori

La petite bande

Quand une usine rejette ses déchets dans la jolie rivière qui longe leur village, quatre gamins et une gamine d’une douzaine d’années décident de prendre le maquis et de se lancer dans un acte de résistance qui va rapidement les dépasser. C’est dans la Corse de son enfance que Pierre Salvadori a tourné cette comédie d’aven­tures aussi intelligente que drôle.

Comme dans la plupart de ses films, des Apprentis en 1992 à En liberté! en 2018, en passant par Hors de prix et Dans la cour, le cinéaste aime les histoires à tiroirs et les comédies qui font gamberger. Dès le générique - bourré de fautes d’orthographe! - de La petite bande, le ton est décalé. Ce qui ne l’empêche pas d’aborder des sujets sérieux, voire essentiels.

COMEDIE

La petite bande ***
Réalisé par Pierre Salvadori. Avec Colombe Schmidt, Aymé Medeville - 106’.

The Fabelmans, quand Spielberg s'autobiographie

Marqué par l’accident de train de Sous le plus grand chapiteau du monde qu’il découvre au cinéma avec ses parents, le jeune Sammy (double enfantin de Steven Spielberg) reproduit la scène avec un petit train électrique et la fait découvrir à sa mère qui le pousse à la filmer. C’est l’une des scènes originelles, structurantes et disons fondatrices que Steven Spielberg rejoue dans The Fabelmans, autobiographie de la jeunesse du futur roi de Hollywood.

Avec cette exégèse à la fois intime et introspective où se miroite l’Amérique des années 1950-60, Spielberg, 76 ans, rejoint la liste récente des cinéastes qui explorent leur enfance (Almodovar avec Douleur et gloire, Paul Thomas Anderson avec Licorice Pizza) et méditent sur les origines du ou de leur cinéma (Damien Chazelle avec Babylon, et en mars prochain le fabuleux film de Sam Mendes Empire Of Light).

Au premier rang de cette reconstitution se tient la famille du jeune Sammy/Steven, une famille juive américaine marquée par un déménagement traumatique en Arizona et par la fracture originelle de l’infidélité de la mère, découverte à travers la caméra 8 mm dans l’obscurité secrète d’un placard à vêtements. Seul garçon entouré de sœurs espiègles, le jeune homme grandit entre un père ingénieur informatique introverti (touchant Paul Dano) et Mitzi (sublime Michelle Williams), une mère fantasque au tempérament d’artiste, qui aurait pu être une grande pianiste si les contraintes domestiques n’avaient pas écrasé ses aptitudes.

Le fantôme de Leah Spielberg (disparue en 2017) hante la performance de Michelle Williams (nominée à l’oscar) et constitue l’âme, le souffle créateur du film. C’est à Mitzi et aux fictions qui l’habitent que le film rend hommage. C’est avec elle que le jeune Sammy partage le secret de l’adultère - la culpabilité qui en résulte devenant plus tard la matière des films de Spielberg autour de l’abandon (d’E.T. à Rencontre du troisième type).

Une fois au lycée, harcelé parce que Juif, c’est encore une fois grâce à sa caméra et au pouvoir de contrôle qu’il en tire sur la réalité que Sammy jeune adulte parvient à s’intégrer, s’aventurer jusqu’aux studios hollywoodiens et rencontrer son idole John Ford (magnifique caméo de David Lynch) qui lui apprend dans une séquence grandiose le sens de l’horizon dans le cadre. La caméra comme vengeance, comme lettre d’amour ou comme fabrique d’un regard sur l’Amérique, c’est tout cela que nous donne à voir Steven Spielberg dans ce film-testament où l’enfance reste la matrice de ce qui nous constitue.

DRAME

The Fabelmans ****

Réalisé par Steven Spielberg. Avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano - 151’.

Un amour de cochon, un réjouissant film d’animation à voir en famille

De tous les animaux, le cochon nous est le plus proche”, rappelait l’écrivain Erik Orsenna dans son joyeux essai Cochons. Voyage aux pays du vivant. Du conte des Trois petits cochons au succès de Babe, le cochon reste l’un des animaux stars de l’enfance. On suit ici l’histoire de Babs, une petite fille végétarienne à qui son grand-père offre un petit porcelet baptisé Chonchon, alors que se prépare dans la ville le fameux concours de la saucisse. La force de ce long-métrage en stop motion de la Néerlandaise Mascha Halberstad, adapté du livre jeunesse de Tosca Menten, est de s’adresser aux enfants avec intelligence.

Car le grand-père de Babs, amateur de musique country et de chair à saucisse, pourrait bien représenter une menace inattendue pour ce cochon domestique, lui-même indécrottable péteur déversant ses besoins où bon lui semble. Irrévérencieux et tendre, influencé par l’esprit malin de Roald Dahl et la facture des studios Aardman (Shaun le mouton…), ce petit porcelet réjouira petits et grands. Meilleur à partir de six ans.

ANIMATION

Un amour de cochon ***

Réalisé par Mascha Halberstad - 75’.

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