
Le Monde sans fin : pourquoi cette BD, la meilleure vente de l'année, est importante

Un an après sa sortie, Le monde sans fin est donc, tous livres confondus, la meilleure vente de l’année: 515.000 volumes écoulés. Un chiffre en principe réservé aux Blake et Mortimer, mais, cette fois, le suspense tourne autour de la manière de se débarrasser des énergies fossiles avant d’en être définitivement victimes. Au dessin et dans le rôle de l’ingénu qui pose les bonnes questions, le prodigieux Christophe Blain (Quai d’Orsay, Isaac le pirate) et en expert-vulgarisateur, l’industrieux Jean-Marc Jancovici. Polytechnicien plongé depuis 30 ans dans les dossiers climatiques, concepteur de la notion de “bilan carbone”, consultant de haut vol pour les transformations nécessaires de notre système économique, il réussit à intéresser mais aussi à fâcher les libéraux comme les écolos (il travaillait avec Nicolas Hulot jusqu’à la démission de ce dernier).
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Sa liberté, il l’utilise pour démanteler sans précaution - parfois sans nuances - certaines “belles” idées. Ni le renouvelable ni l’hydrogène ne sont une solution. Le charbon, l’énergie fossile la plus dangereuse, est celle qui progresse le plus. Le nucléaire est le moindre des maux. Nos démocraties sociales ont besoin d’une énergie abondante et peu chère. Choisir entre sobriété consentie ou pauvreté imposée, accepter que des mesures incompatibles avec notre passion des libertés individuelles devront être prises… C’est du rude. On a bien besoin des dessins malicieux de Blain pour s’entêter dans ces 200 pages de (quasi) mauvaises nouvelles. C’est si insupportable pour certains que des libraires ont reçu un soi-disant erratum venu de Dargaud à insérer dans le livre. Il prétendait que Jancovici, scientifiquement incompétent, défendait le nucléaire et un pouvoir autoritaire. En réalité, des activistes écolos avaient usurpé l’identité des éditeurs pour démontrer qu’eux aussi, comme les dopés au leurre de la croissance infinie, sont persuadés que leurs opinions valent plus que les faits. Ils ont surtout réussi à prouver combien cette petite BD à 28 euros était importante.