
Dix choses à retenir sur Jean-Luc Godard, géant du cinéma français

Le cinéaste est mort ce mardi 13 septembre, à l’âge de 91 ans. Retour en quelques films et moments clés sur un réalisateur qui incarnait à lui tout seul l’histoire du cinéma.
Pseudonyme : Hans Lucas
Avant d’être un des réalisateurs ayant le plus marqué l’histoire du cinéma, Jean-Luc Godard a débuté comme critique de films, dès l’âge de 19 ans. Il signe ses articles sous le pseudonyme Hans Lucas (soit Jean et Luc en allemand). Un brin provoquant dans la France post-Occupation. Sa première critique est publiée en 1950, dans La Gazette du Cinéma. Il collaborera ensuite fréquemment dans les célèbres Cahiers du cinéma. Depuis 2006, une plateforme pour photographes indépendants et une agence photographique internationale porte le nom de Hans Lucas, en hommage au jeune Godard.
À bout de souffle, manifeste de la Nouvelle Vague
Un coup de tonnerre. Dès son premier long-métrage, succès public et critique, Godard bouleverse les codes esthétiques du 7e art. Avec A bout de souffle, le réalisateur livre pourtant un récit très simple : un jeune voyou nommé Michel Poiccard (Jean-Paul Belmondo) tombe amoureux de Patricia Franchini (Jean Seberg), une étudiante américaine résidant à Paris. Elle finit par le trahir, il est abattu par la police. Mais l’essentiel est ailleurs, dans les innovations de cadrage et de montage, dans l’audace d’un style qui renouvelle la grammaire du cinéma. Avec Truffaut, Rohmer et Rivette, Godard vient d'accoucher de la Nouvelle Vague.
Le Mépris, 1963
Adaptation du roman d'Alberto Moravia, Le Mépris raconte la double histoire d’un film qui se fait (un autre géant du cinéma, Fritz Lang, y joue son propre rôle) et d’une histoire d’amour qui se défait. Drame sentimental, avec Brigitte Bardot et Michel Piccoli, c’est l’un des plus grands films du réalisateur.
Pierrot le fou, 1965
Un autre sommet de la carrière de JLG. Road-movie d’un couple en fuite, avec Jean-Paul Belmondo et Anna Karina, qui fut longtemps la muse du réalisateur (elle jouera dans 7 de ses films dont, Une femme est une femme, Bande à part ou Vivre sa vie).
Chantal Goya
Une autre icône que Jean-Luc Godard a contribué à mettre en lumière. Avant de devenir la chanteuse espiègle de Pandi Panda, elle campe une jeune fille moderne et indépendante dans Masculin Féminin (1966), où elle partage l’affiche avec Jean-Pierre Léaud et Marlène Jobert.
Sympathy for the Devil, 1968
Après Week-end et La Chinoise, Godard signe le documentaire One+One. Le film porte sur l’enregistrement de la chanson Sympathy for the Devil, des Rolling Stones. Le documentaire retrace le processus de création du groupe, et les interactions entre Mick Jagger, Brian Jones et Keith Richards. Présenté au Festival de Londres en 1968, One+One est présenté dans un montage légèrement différent que celui voulu par son auteur. Godard tenta d’imposer son director’s cut et devant le peu de succès de celui-ci, quitta le festival en hurlant un «bande de fascistes !» bien senti.
Il a fait annuler le Festival de Cannes
En mai 68, Godard fait irruption au Festival de Cannes pour interrompre les festivités, en soutien au mouvement étudiant. Il monte sur scène pour empêcher la projection de Peppermint frappé. Son comparse Carlos Sarra (qui signe le film) n’hésite pas à s’agripper aux rideaux de la salle. Le festival est finalement interrompu.
Johnny
Autre monstre sacré à avoir travaillé avec Godard : Johnny Halliday. Pour Détective (1985), Johnny campe l’imprésario d’un boxeur qui vient de mourir. Dans les années 1990, le réalisateur se paye les services d’un autre poids lourd du cinéma français, Alain Delon, dans Nouvelle Vague.
Adieu au Langage
Avec ce quarante-septième long-métrage, le premier tourné en 3D, il revient au Festival de Cannes. Le film connaît un accueil mitigé, ce qui n’empêchera pas plus tard le Festival d’accorder au Franco-suisse une Palme d’Or spéciale, en 2018. Fidèle à lui-même, Godard dira de la récompense : «c’est gentil mais ce n’était pas nécessaire».
Redoutable
Adaptation libre du roman d’Anne Wiazemsky, ex-femme de Jean-Luc Godard, Le Redoutable (2017), signé par Michel Hazanavicius (avec Louis Garrel), revient sur le cinéma politique de Godard, son engagement maoïste, et la vie du réalisateur durant la fin des sixties.