
Tac au tac avec Salvatore Adamo: «À mes débuts en musique, je me suis fait rouler»

Pourquoi avez-vous accepté de parrainer cette expo de Nostalgie sur les idoles des sixties?
Parce que c’est un peu le paysage de ma vie. Ça fait soixante ans que je me promène dans cet univers musical. Dans l’exposition, je me sens concerné par chaque disque exposé… Je suis un chanteur de variétés, mais j’ai toujours été intéressé par la pop anglo-saxonne au point que j’ai récemment enregistré un album d’adaptations en français de chansons anglo-saxonnes…
La lecture de votre article continue ci-dessous
Lesquelles?
Harvest Moon de Neil Young, The Boxer de Simon & Garfunkel, I Want You de Bob Dylan. J’ai fait aussi I’m Not In Love de 10cc avec Jane Birkin. L’information importante que je ne vous ai pas encore donnée, c’est que Stephan Eicher a réalisé l’album.
Ça sort quand?
On sortira un single en septembre.
Que voit-on de vous dans l’expo?
Ma première guitare, la base de tout. Mon grand-père me l’avait envoyée quand j’avais 14 ans. Pendant des années, je me suis demandé pourquoi il me l’avait envoyée alors qu’à l’époque j’étais dans le foot. C’est une tante qui m’a dit que ma maman avait demandé cette guitare à mon grand-père parce qu’elle m’avait surpris en train de jouer de la guitare devant le miroir avec un manche de brosse en train de me déhancher comme Elvis.
Chez vous, rangez-vous soigneusement vos souvenirs ou tout cela n’a pas d’importance?
Ça n’a pas beaucoup d’importance, mais heureusement, j’ai une sœur, Giovanna, qui a au moins un exemplaire de chacun de mes disques et j’ai une armoire avec de vieux costumes…
Question look, elle doit être terrifiante, cette armoire…
Il y a des choses dont je me demande comment j’ai osé les porter… Alors que j’étais un garçon sérieux, je me suis retrouvé avec des cols pelles à tartes, des talons de 15 centimètres, des vestes avec des imprimés de forêts, d’oiseaux...
Les sixties, c’était le bon temps?
C’était une période où on pensait que le pire était derrière nous. On a depuis déchanté… Mais pour ceux qui les ont vécues, c’est comme un petit refuge.
Le show-biz de l’époque était tenu par des profiteurs, non?
Je sortais de Jemappes, mon père sortait de la mine et on nous a roulés en nous faisant signer des contrats qu’on peut qualifier de léonins. À mes débuts, j’avais 4 % sur chaque disque et à l’étranger 2 %. C’est impensable aujourd’hui, mais je suis presque heureux d’avoir traversé ces moments difficiles car ils m’ont forgé.
Le système était-il plus injuste encore avec les chanteuses?
Je ne veux pas être mauvaise langue, mais j’ai assisté à des scènes où des managers insultaient des chanteuses.
Garçon sage et bien élevé, vous avez vécu l’hystérie des fans...
J’ai eu droit aux filles qui crient, oui, mais j’essayais de les calmer car je trouvais que c’était un peu déplacé. Et quand je vais chanter au Chili, par exemple, il y a encore des filles qui crient… À mon âge! (Rire.)
Jeune, vous en avez profité, de cet environnement de fans?
Non, je suis trop timide. J’ai eu affaire à des femmes somptueuses, mais j’ai toujours eu peur du refus… Tout Sicilien que je suis, je me suis toujours demandé comment aborder une dame sans risquer le refus.
Vous étiez déjà féministe...
Oui, il n’y avait pas “balance ton quoi”, mais j’en avais déjà peur…
Idoles. Jusqu’au 17/7. Galerie de la Toison d’or, 1050 Bruxelles.