Michel Bouquet: ses rôles les plus emblématiques

Retour sur la très longue carrière au cinéma et au théâtre de Michel Bouquet, décédé ce mercredi à 96 ans.

Michel Bouquet dans «Le malade imaginaire»
Michel Bouquet dans «Le malade imaginaire», le 2 août 2009 au festival de Ramatuelle @BelgaImage

Ce 13 avril, le monde du théâtre et du cinéma français est en deuil à l'annonce de la mort de Michel Bouquet. Le comédien s'est éteint à l'âge de 96 ans dans un hôpital parisien, comme l'a confirmé son service de presse à l'AFP. L'année passée, il apparaissait encore sur le grand écran, en l'occurrence dans le film «Cérémonie secrète». Il avait près de 75 ans de carrière à son actif. Retour sur ce long parcours avec quelques-uns de ses rôles qui ont marqué sa vie.

«Pattes blanches» (1948)

Comment ne pas commencer ce tour d'horizon par un de ses premiers films? En 1948, Michel Bouquet est recruté par le réalisateur Jean Grémillion pour figurer à l'affiche de «Pattes blanches». Il a alors un peu plus d'une vingtaine d'années et jusque-là, il ne connaissait pratiquement que le théâtre, où il se produit depuis 1944. Encore peu sûr de lui, il joue un rôle secondaire dans ce film qui raconte la bataille entre deux Bretons pour gagner le cœur d'une belle femme blonde, Odette. Lui incarne Maurice, un marginal qui veut se venger de son demi-frère.

Comme le relève BFMTV, Michel Bouquet a plus tard confié à quel point il était «ébloui» par Jean Grémillon. Un moment crucial pour le reste de sa carrière au grand écran. «Il avait une connaissance phénoménale de l'Histoire, (...) osait des synthèses saisissantes avec une puissance d'évocation digne de Shakespeare (...) J'avais vingt ans. J'étais quasi analphabète. Fréquenter Jean Grémillon a été un déclic décisif. Je me suis dit: 'il faut maintenant que tu te cultives (..) que tu essaies d'être moins sot, de comprendre le monde toi aussi'!», racontait-il dans «Mémoire d'acteur».

«La Femme infidèle» (1968)

Bien lui en a pris puisqu'au fil des années qui ont suivi, Michel Bouquet se crée une place de plus en plus importante au cinéma. Après Jean Grémillon, c'est Claude Chabrol qui devient «son révélateur». Il tourne plusieurs films avec lui, dont «La femme infidèle» où il tient un des rôles principaux, celui de Charles. Ce dernier, persuadé que sa femme le trompe, engage un détective et tue celui identifié comme étant l'amant de la discorde. Avec ce film, Michel Bouquet devient l'incarnation du héros chabrolien et se taille une image qui lui collera à la peau, celle d'un acteur aux rôles froids et sombres.

Un acteur moliéresque

Bien que reconnu au cinéma, c'est toutefois le théâtre qu'il préfère. Interrogé par une télévision locale vendéenne dans les années 2000, il se dit très touché de la fidélité du public. «J'ai besoin de son contact, de son avis», dit-il à ce propos, notamment en province et non à Paris.

Il adore notamment jouer les pièces de Molière. Il incarne les rôles principaux du «Malade imaginaire», «L'avare» ou encore «Tartuffe». Certaines pièces seront même portées à la télévision et il jouera du Molière pendant des dizaines d'années.

«Les Misérables» (1982)

Au cinéma à nouveau, il apparaît dans plusieurs grands films: «Borsalino», «Tous les matins du Monde» ou encore «Le Jouet». Il joue aussi dans «Les Misérables» de Robert Hossein, une des versions les plus fidèles au roman d'origine de Victor Hugo. C'est lui qui interprète le rôle de l'inspecteur Javert qui pourchasse Jean Valjean. «Je n'ai pas la peau de Javert», disait-il. Hossein «s'est battu pour que je le fasse et en le faisant, je me suis habitué (...) Dans le fond, il a peut-être eu raison de me le demander. Mais ce n'est pas un rôle que j'affectionne particulièrement».

Les Césars au cinéma

À la fin du XXe siècle, malgré des dizaines d'années au grand écran, Michel Bouquet n'a toujours pas de César à son actif. Cela changera seulement lorsqu'il apparaît dans «Comment j'ai tué mon père» (2001), sous les traits d'un père qui réapparaît brutalement dans la vie de son fils, trente ans après avoir quitté le domicile familial pour soigner les malades en Afrique. Michel Bouquet touche le public et décroche le César du meilleur acteur. Quelques années plus tard, il en récolte même un deuxième exemplaire suite à son apparition dans «Le promeneur du Champ de Mars» où il incarne un François Mitterrand seul et malade, au crépuscule de sa vie.

Les Molière au théâtre

Enfin, au théâtre aussi, il faudra attendre le tournant des années 2000 pour que Michel Bouquet décroche la récompense ultime du genre. En 1998, il reçoit le Molière du meilleur comédien pour «Les Côtelettes». Rebelote en 2005 avec «Le roi se meurt» d'Eugène Ionesco, pour laquelle qu'il a joué dès 1994 et en continu de 2004 à 2014. Au total, il aura fait près de 800 représentations de cette seule pièce. Comme le relève le Figaro, jouer était pour lui une nécessité viscérale. «C'est une angoisse affreuse mais c'est intéressant. Pour vivre quelque chose que l'on ne vivrait pas autrement. On ne risque rien, rien, sauf de se casser la figure», disait-il.

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