
De Rien ne t’appartient à Rouge, les bonnes raisons de se détendre ce week-end

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Rouge
Inspiré par le scandale des boues rouges en France (le rejet dans le Parc national des Calanques de résidus toxiques de production d’alumines par le site industriel de Gardanne), le nouveau film du cinéaste franco-algérien Farid Bentoumi (Good Luck Algeria), coproduit par les frères Dardenne, se trouve à la croisée des chemins, entre thriller écologique contemporain engagé et drame familial intense, porté par des acteurs forts. Dans le rôle de Nour, une jeune infirmière catapultée à la médecine du travail dans l’usine de son père et qui découvre malgré elle la pollution de l’usine, on retrouve Zita Hanrot (Fatima, La vie scolaire). Elle forme avec Sami Bouajila un formidable duo père-fille, déchirée entre son éthique professionnelle et sa loyauté envers son père dont la vie se confond avec celle de l’usine. Tirant parti des grands espaces et de l’esthétique rouge des toxiques d’alumines, le film rend hommage aussi bien aux lanceurs d’alerte (ici deux femmes, Nour et une jeune journaliste interprétée par Céline Sallette) qu’aux ouvriers qui ont sacrifié leur vie à l’usine, et tente aussi de donner une parole à ceux qui n’y ont pas eu droit. - J.G.
Réalisé par Farid Bentoumi. Avec Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette
Reminiscence
Après la montée des eaux et la guerre qui a suivi, Miami est coupée en deux : les moins nantis vivent dans les quartiers inondés, les riches ont les pieds au sec, tant que tiendront les barrages qui les séparent. Dans ce monde d’un futur vers lequel notre présent pourrait nous mener, les gens veulent se souvenir des jours heureux. Nick Bannister (Hugh Jackman en ancien combattant claudiquant) a fait de cette vague nostalgique son gagne-pain : grâce à sa machine, il fait revivre à ses clients leurs moments de bonheur passés. Quand débarque l’énigmatique et vaporeuse Mae (Rebecca Ferguson qui fait bigrement penser à Ingrid Bergman), l’amour mais aussi de sérieux ennuis font leur entrée dans sa vie. On retrouve dans Reminiscence, premier long-métrage de Lisa Joy - créatrice de la série Westworld – des références à la pelle. Et pas des plus mauvaises : de Angel Heart dont elle emprunte l’atmosphère à Strange Days, pour le côté "technique". Si le film nous tient en haleine par son récit qui mélange les codes de la science-fiction et du film noir classique, il nous perd dans son volet romantique et dans des dialogues fades et souvent sentencieux. - E.R.
Réalisé par Lisa Joy avec Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton, Cliff Curtis.
Rien ne t’appartient
Depuis la mort d’Emmanuel, Tara est victime d’hallucinations dans un appartement sale et désordonné. Eli, son beau-fils, l’informe que demain il l’emmènera à l’hôpital. Elle accepte. Mais à l’aube, elle quitte l’appartement et rejoint les berges d’un cours d’eau… Commence alors l’histoire de l’autre Tara - Vijaya -, ado choyée qui apprend les danses traditionnelles de son pays. Mais à 13 ans, séparée de ses parents, recluse dans un refuge pour jeunes “filles gâchées”, elle avorte. Elle devient gardienne de l’établissement où elle se rapproche d’une des pensionnaires, une certaine Tara. Et puis, c’est le tsunami… Miraculée, Vijaya est soignée par Emmanuel qui tombe amoureux d’elle et l‘emmène en France. Un roman sensuel et gracile sur les violences faites aux femmes, l’exil et la résilience. - S.M.
Nathacha Appanah, Gallimard, 159 p.