Les meilleurs documentaires pour comprendre le mouvement anti-raciste

Focus sur des documentaires qui rendent compte de l’expérience noire et décillent le regard sur les enjeux actuels des luttes raciales aux Etats-Unis et dans le monde. Des films inspirants, pour ne plus que l’histoire se répète.

Blanck Panther @Agnes Varda

3 Brothers - Spike Lee

Outre son nouveau long-métrage visible sur Netflix (Da 5 Bloods/Frères de sang), le cinéaste américain Spike Lee a mis en ligne sur son compte Twitter 3 Brothers - Radio Raheem, Eric Garner et George Floyd, un court-métrage saisissant qui s’ouvre avec ces quelques mots (« l’histoire se répète »), entrelaçant la mort trois hommes noirs assassinés par la police américaine ces dernières années : George Floyd, assassiné à Minneapolis le 25 mai 2020, Eric Garner assassiné en 2014 à New York, et Radio Raheem, héros fictif assassiné dans l’un des plus célèbres films de Lee, Do the right thing (1989). « Les Etats-Unis se sont construits sur l’assassinat des hommes noirs » réagissait récemment le cinéaste sur CNN face aux images de protestation Black lives matter. Encourageant ensuite les téléspectateurs du Tonight show de Jimmy Fallon à prendre conscience que les prochaines élections américaines seront « les plus importantes de l’histoire du monde moderne ». C’est dit.

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I’m not your Negro - Raoul Peck, 2017  

Nominé aux Oscars en 2018, un film d’une puissance d’évocation sans précédent construit autour de la figure de l’écrivain et essayiste noir américain James Baldwin (1924-1987), auteur de romans (La Conversion, 1953) et d’essais fondateurs (La prochaine fois, le feu, 1963) sur les inégalités raciales aux Etats-Unis. Pendant dix ans, le cinéaste haïtien Raoul Peck a rassemblé les éléments disparates d’un livre souhaité par Baldwin mais jamais écrit autour de trois amis assassinés : Medgar Evers, Malcom X et Martin Luther King Jr, retraçant par ce biais l’histoire violente de l’Amérique, de la lutte contre l’esclavage à la fabrique de l’homme noir par le cinéma américain, à partir d’écrits et d’archives exceptionnels narrés par les voix très incarnées de Samuel Lee Jackson dans la version anglaise et JoyeStarr version française. « La parole de Baldwin vous confronte et vous transforme. Il vous met devant votre histoire, et vous comprenez que le reste dépend de vous » commente Peck dans les bonus DVD.
I’m not your Negro / Je ne suis pas votre nègre ****
Disponible en VOD et DVD sur la boutique Arte :
https://boutique.arte.tv/detail/je_ne_suis_pas_votre_negre
(également sur iTunes)

Black Panthers - Agnès Varda, 1968

" Ceci n’est pas un pique-nique, c’est un rallye politique" prévient Agnès Varda jamais avare de jeux de mots dans la voix-off de ce reportage d’une trentaine de minutes réalisé pendant la période américaine de la cinéaste. En août 1968 (l’été suivant l’assassinat de martin Luther King), on y suit avec une liberté de ton rare pour l‘époque, des femmes, des enfants et des militants des Black Panthers rassemblés devant la cour du palais de justice d’Oakland (Californie) pour faire sortir de prison Huey Newton, co-fondateur du mouvement, jugé pour avoir tué un policier. "Qui est le coupable ?" demande Varda. « - La police" répond un homme. Dénonciation des violences structurelles envers les Afro-américains, le film met aussi en lumière la promotion des femmes, comme Kathleen Cleaver, dans la vie politique du parti capté ici à un moment rare de son histoire. Revoyez ce film en version restaurée, en écho et en mémoire d'un mouvement antiraciste devenu global sur le site de MK2 Curiosity, avec la présentation du magazine Trois Couleurs.

The Black Panthers: Vanguard of a Revolution - Stanley Nelson, 2014

Le film de Stanley Nelson retrace l’évolution du mythique Black Panther Party for self-defense, revenant sur la place majeure du mouvement dans la culture alternative américaine et dans la prise de conscience de la communauté noire, jusqu’à son écrasement par le gouvernement américain. Archives et entretiens récents rendent au Black Panther Party la force de sa parole, ainsi que l’actualité de sa lutte dans la dénonciation du racisme systémique aux Etats-Unis.

La conférence des femmes de Nairobi - Françoise Dasques, 1985

Pendant dix jours sur le campus de l’Université de Nairobi au Kenya en juillet 1985, en marge de la conférence des Nations Unies, un contre-forum de 14 000 femmes s’est mis en place pour débattre de politique générale et de féminisme (paix, développement, apartheid, Islam, homosexualité, violences sexuelles, Israël/Palestine) et dénoncer la non prise en compte du rôle économique des femmes dans le monde. Avec force, Angela Davis pointe l’oppression spécifique des femmes non occidentales. Un rassemblement inédit pour l’époque filmé par Françoise Dasques pour le Centre Simone de Beauvoir, visible exclusivement sur Tënk, la plateforme de documentaires d’auteurs qu’on adore, superbement éditorialisée dans des « plages » de films thématisés et rares, jusqu’au 27 juin.

À voir ici

Free Angela & All Political Prisoners - Shola Lynch, 2012

La réalisatrice Shola Lynch revient sur le parcours d’Angela Davis, figure cruciale du mouvement afro-féministe, activiste et professeur d’université à UCLA qui devint en 1970 l’une des personnes les plus recherchées aux Etats-Unis. Emprisonnée 16 mois pour son implication dans la mort d’un juge, elle rassemblera un mouvement de lutte pour sa libération (Free Angela), allant de John Lennon à Jean-Paul Sartre. Une excellente introduction à sa vie et à son combat. Son autobiographie est par ailleurs disponible aux éditions Aden.
Disponible en DVD (Jour2fête)

Blacks’ Britannica - David Koff,1978

Produit par PBS Boston avant d’être censuré par la chaîne qui en montra une version remontée en 1978, le documentaire de David Koff retrace l’expérience du racisme du point de vue de la classe ouvrière britannique noire et recueille des entretiens de plusieurs militants comme Darcus Howe, dénonçant notamment « une conspiration claire contre les Noirs dans ce pays » à travers par exemple les politiques de relogement, d’exclusion et de ghettoïsation de la population noire venue des Caraïbes, d’Inde ou du Pakistan ainsi qu’un contrôle social et policier raciste en cas de « British Black Riots ». Le film fut considéré « dangereux » par les services d’informations britanniques aux Etats-Unis et interdit pendant dix ans.

What you’re gonna do when the world is on fire ?  - Roberto Minervini, 2019

Un documentaire en noir et blanc d’une grande beauté plastique signé Roberto Minervini (Le Cœur battant, The Other side), cinéaste italien qui s’est plongé dans le sud profond des Etats-Unis dans une communauté noire de la Nouvelle Orléans en Louisiane. On y suit une galerie de personnages abîmés au cœur desquels battent la rage et la révolte. Un film-choc sur les effets secondaires du racisme, abordant la drogue, la violence envers les femmes, et une forme de résistance de rue qui constitue le point culminant du film.
Visible sur Amazon Prime et en DVD (Shellac).
Bande-annonce :

 

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