
La Palme d’Or va au sud-coréen Bong Joon-ho pour Parasite

Sous les applaudissements d’une salle surexcitée avant la projection d’ Hors-normes, film de clôture signé Eric Toledano et Olivier Nakache, le cinéaste mexicain et Président du jury de cette 72ème édition Alejandro Inarritu (Babel, The Revenant) a décerné neuf prix – « un vrai défi, car il y a si peu de prix pour départir les vingt-et-un films de la Compétition officielle qui nous ont tous touchés » s’est-il écrié, entouré de son jury composé notamment de l’actrice américaine Elle Fanning, du cinéaste Pavel Pawlikowski (Ida, Cold War) ou du dessinateur Enki Bilal.
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La Caméra d’or est allée à un film guatémaltèque produit en Belgique, Nuestras Madres de César Diaz. La mention spéciale est revenue au cinéaste palestinien Elia Suleiman pour son film politico-poétique It must be heaven.
L’acteur mexicain Gael Garcia Bernal a remis à Céline Sciamma le prix du meilleur scénario pour son drame lesbien unanimement salué, Le Portrait de la jeune fille en feu, l’histoire d’une femme peintre qui tombe amoureuse de son modèle dans la France du 18ème siècle. La réalisatrice a remercié «tous les regards» qui lui ont permis de monter ce film, et notamment ses deux comédiennes incandescentes, Adèle Haenel et Noémie Merlant.
Le prix d’interprétation féminine est revenu à l’actrice britannique Emily Beecham pour son rôle dans Little Joe de la cinéaste autrichienne Jessica Hausner, l’histoire d’une scientifique qui parvient à modifier génétiquement des plantes.
Le prix de la mise en scène a été attribué à Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Le Jeune Ahmed, le portrait d’un jeune fanatique « conçu comme une ode à la vie, ce que doit être la vocation du cinéma » selon les frères. Les Belges briguaient leurs troisième Palme d’or après Rosetta et L’Enfant, et ont déjà remporté le prix du scénario pour Le Silence de Lorna et le Grand Prix pour Le Gamin au vélo.
Le prix du Jury a été décerné ex-aequo aux Misérables de Ladj Ly, film de banlieue contemporain tourné à Montfermeil où se déroule une partie du roman de Victor Hugo. Le cinéaste français a adressé son prix « à tous les misérables, de France et d’ailleurs » ; ainsi qu’à Bacurau des Brésiliens Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles.
Ultra-mérité, le prix d’interprétation masculine est allé à Antonio Banderas pour Douleur et Gloire, film autobiographique de Pedro Almodovar que l’acteur a salué comme son « mentor ». « J’ai mis quarante ans à arriver jusque là. Cette récompense est pour Pedro, car derrière une carrière de cinéma et un soir de gloire c’est aussi beaucoup de douleur. Ce soir est mon soir de gloire, et je suis sûr que le meilleur est encore à venir » a déclaré l’acteur espagnol de 58 ans.
Le Grand prix a été remis (des mains de Sylvester Stallone himself) à la jeune cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop pour Atlantique, un film sur le désir de migration qu’elle a dédié « aux rues de Dakar et à Dakar ».
Enfin la Palme d’Or est allée, « à l’unanimité du jury » selon son président Inarritu, à Bong Joon-ho pour Parasite, fable grinçante sur une famille de domestiques prenant le pouvoir sur une famille richissime. C’est la consécration pour le cinéaste sud-coréen, qui jouit déjà d’un beau fanclub depuis The Host, Le Transperceneige et Okja (diffusé sur Netflix).