On était à l’A.B. pour la première live du marathon dEUS

Le groupe anversois a lancé sa série de huit concerts consécutifs ce lundi. Paru voici vingt ans, son album "The Ideal Crash" n’a rien perdu de sa cohérence.

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Quiconque se promène dans le chantier chaotique du piétonnier bruxellois ne peut passer à côté de l’événement. Une "étoile" dEUS imprimée sur un pavé de la bien nommée rue des Pierres. Une immense banderole placardée sur le boulevard Anspach sur laquelle on lit "20-21-22-23-24-25-26-27 may 2019 Sold Out". Oui, dEUs est à Bruxelles pour huit concerts  consécutifs dans sa salle fétiche de l’Ancienne Belgique et tout le milieu culturel de la capitale est en effervescence. Sorti il y a vingt ans, "The Ideal Crash", troisième album du groupe anversois, est proposé dans son intégralité chaque soir avec, en rappel, quatre autres chansons bonus. Le public sait à quoi s’attendre et le groupe est chaud boulette. La demande de tickets était, du reste,  si impressionnante que dEUS aurait pu encore ajouter des dates à Bruxelles. "Mais on parle ici de musique, pas de compétition sportive", a répondu Kurt Overbergh, directeur artistique de l’Ancienne Belgique quand certains lui suggéraient de rallonger cette série record.

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Du plaisir sans nostalgie

De nostalgie, il n’en est heureusement pas trop question ce lundi. Après tout, on ne revoit pas Taxi Driver ou Citizen Kane pour la dixième fois dans le but unique de se rappeler sa jeunesse ou "les beaux jours". On les regarde avec un plaisir renouvelé parce que ce sont des films sublimes qui n’ont rien perdu de leur force. Idem pour "The Ideal Crash", à la fois pierre angulaire du rock indie, collection de chansons intemporelles portant pour la plupart les stigmates d’une rupture sentimentale et guide éclairé pour toute une génération de groupes à guitares.

Sur scène, dEUS fait revivre l’album avec des musiciens inspirés et super heureux d’être de la fête. Du groupe actuel, seuls son leader charismatique Tom Barman et le violoniste Klaas Janssens étaient de l’aventure en 1999. C’est avec du sang frais et… en jupe que Tom Barman attaque le concert avec Put The Freaks Up Front.  dEUS a choisi de respecter scrupuleusement l’ordre de la tracklist de l’album mais réarrange plusieurs titres. Certains sont archi-familiers car joués régulièrement en tournée. On pense à Sister Dew  et bien sûr au classique des classiques Instant Street. Ce sont d’autres chansons, moins ou très rarement interprétées en live qui font la différence et justifient ce type de concert. Notre tiercé gagnant? Everybody’s Weird et sa rythmique intense, Dream Sequence 1 avec ses sons électro et le merveilleux Let’s See Who Goes Down First ("Ma chanson préférée", précise Tom Barman) avec ses phrasés de guitare incisifs.

dEUS, danse

Vingt ans après, "The Ideal Crash" rappelle non seulement toute sa cohérence dans sa progression dramatique, mais ses chansons restent pertinentes et modernes. Tom Barman possède le magnétisme des tous grands performers et est plus habité que jamais par ses morceaux.  Par son jeu précis et tout en souplesse, le nouveau guitariste Bruno De Groote apporte sa touche personnelle sans en faire des tonnes. Bien vu. Tout comme cette idée de réitérer l’expérience de la tournée In a bar under the sea (1996) en invitant sur plusieurs morceaux (Put The Freaks Up Front, Instant Street, Quatre mains en rappel, …) un collectif mixte de danseurs modernes. Mouvements énergiques, refrains appuyés par les gestes du langage des signes, corps qui se meuvent au plus près de celui des musiciens… Visuellement, c’est très fort.

Avant que le public, plutôt mou du genou ce lundi soir, ne dévalise le stand vinyles (dEUS a ressorti tout son back-catalogue pour l’occasion), dEUS balance en rappel l’insipide Quatre Mains , mais aussi  Fell Off The Floor Man, Roses (tous deux tirés d’In a bar under the sea) et l’émouvante ballade Nothing Realy Ends. La messe est dite. Super son, super show, super album. Du grand dEUS. Tout simplement.

Jusqu’au 27/5, Ancienne Belgique (sold-out).
Photos: Benoît Bouchez

 

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