

Que ceux qui s’attendent à un blockbuster spectaculaire style Seul sur Mars soient avertis : l’astre de la Terre est bien moins cinématographique que la Planète rouge. Du moins la lune telle que la filme Damien Chazelle. Deux ans après le prodigieux succès de La La Land, le réalisateur révélé avec Whiplash change de registre et de style pour un film immersif dans la tête de Neil Armstrong, astronaute américain et premier homme à porter un pas (« petit pour l’homme mais grand pour l’humanité ») sur la lune, pour la Nasa le 21 juillet 1969.
On y découvre un homme en demi-teinte, retenu, introverti (Ryan Gosling et sa fameuse « stone face ») et père de trois enfants (dont une petite fille qui meurt à l’âge de quatre ans – fil rouge du récit) à travers le regard mélancolique de sa femme (Claire Foy - cheveux courts et yeux bleus cernés - l’actrice britannique qui cartonne sur Netflix en Elizabeth II avec la série The Crown et bientôt en Lisbeth Salander dans la suite de la saga Millenium). Plus qu’un film sur l’espace, Chazelle réalise un film sur la perte, le deuil et la complexité du rapport de couple lorsque l’un des deux est mutique (Armstrong en l’occurrence – « te parle-t-il parfois de notre fille ? » questionne sa femme à son meilleur ami – très bon Jason Clarke).
Les derniers bons films sur l’espace étaient de la science-fiction. Celui-ci est historique, mais la course à l’espace (vue à travers la rivalité américano-soviétique, et sans drapeau US planté sur la lune, d’où une polémique stérile sur l’anti-américanisme supposé du film, réfutée par Chazelle) vient seulement soutenir par touches (rehaussées par la musique parfois tonitruante de Justin Hurwitz) un film qui tend avant tout vers l’élégie. Une chose est sûre, alunir ne nous sauvera pas de la mélancolie.
Drame
First Man
Réalisé par Damien Chazelle. Avec Ryan Gosling, Claire Foy – 140’