
Eddy de Pretto : pourquoi il ne faut pas le rater aux Nuits Bota et aux Ardentes

Voici un an, aux Nuits 2017, Eddy de Pretto s’était produit, seul avec son i-Phone, en première partie de Tim Dup à la Rotonde. Il y avait alors quarante-deux personnes à tout casser dans la salle. Ce jeudi, il a fait complet à l’Orangerie et nous reviendra encore pour un double triomphe annoncé le 5 mai aux Nuits Botanique et le 5 juillet au festival Les Ardentes, à Liège. Et si vous ne l’avez pas encore découvert avec son EP Kid, attendez-vous à plier sous les forces lyriques de Cure, premier album de quinze chansons qui sort chez Universal ce 2 mars.
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Voilà en effet un disque sincère, âpre et sexuel comme on en entend peu. Un disque chanté par un écorché vif au verbe sans fil. Une sorte de Jean Genet version 2.1 qui évoque aussi Claude Nougaro dans ses refrains démonstratifs où il n’hésite pas appuyer, encore et encore, sur les mêmes syllabes. Eddy de Pretto, c’est son nom. Un pied dans la grande chanson française traditionnelle mais aussi un autre qui repose sur les fondements hip-hop.
Traversées de beats fracassants – aux App de son i-Phone s’ajoutent désormais les pulsations d’un batteur live -, les chansons de cet gavroche débarqué de Créteil évoquent son vécu et son ressenti. Il y est question de ses mensonges à répétition (Random), de capotes, de rencontres masculines interlopes dans les nuits sans fin (Fête de Trop), de ses désillusions (Desmurs) et vrai coup de foudre (Jimmy, une chanson d’amour dans laquelle le prénom et le sexe n’ont finalement pas d’importance).
Comme chez Stromae, les chansons tristes (Mamere) ou désabusées (Beaulieue sur les quartiers de son enfance) d’Eddy évitent de plomber l’atmosphère. Le rythme est enivrant et le flow sensuel. Et si tous les codes du hip-hop sont cassés dans les textes, ils reprennent le dessus dans les interprétations live. "Vous êtes chauds à Bruxelles ce soir ?" ,"Vous êtes prêts à danser avec moi ?". "Je dédie cette chanson à tous ceux qui viennent des banlieues » lâche le garçon plutôt à l’aise sur la scène sous son bonnet de hipster. Eric Rhomer, réalisateur de l’immense Les Nuits de la Pleine Lune a dit un jour : "la chose la plus importante pour moi est que les gens aient une réaction émotionnelle à mes films, pas seulement intellectuelle". Une phrase qui colle parfaitement aux ambitions d’Eddy de Pretto. Un artiste qui a déjà tout compris et ira loin. Très loin.
Eddy de Pretto, Cure, Universal, sortie 2 mars. (review dans le Moustique du 28 février).
Le 5/5 aux Nuits Botanique, Bruxelles.
Le 5/7 aux Ardentes, Liège.